L’expérience et l’envie : deux atouts majeurs pour Alexis Loison

Alexis Loison, skipper du Figaro 3 RŽgion Normandie, ˆ lÕentrainement avant sa participation ˆ la Solitaire Hurgo Le Figaro 2019, le 25 mai 2019, photo © Jean-Marie LIOT

La Solitaire du Figaro arrive à grands pas. C’est en effet dans moins d’une semaine que le coup d’envoi de l’épreuve sera donné. Au programme : trois étapes de 500 milles et plus, puis un run de 24 heures entre Saint-Quay-Portrieux, Dunkerque et Saint-Nazaire. Un menu à la fois complet et technique. Truffé de pièges aussi. Dans ce contexte, qui succèdera cette année à Yoann Richomme, le tenant du titre ? Les pronostics sont ouverts mais restent hasardeux puisqu’une nouvelle fois, plus de la moitié de la flotte peut prétendre à la victoire. Pour ce qui le concerne, Alexis Loison est d’ores et déjà fin prêt à en découdre. Le skipper du Figaro Bénéteau 3 aux couleurs de la Région Normandie, qui s’apprête à participer à l’épreuve pour la 15e fois, aborde en effet cette 51e édition avec un maximum de fraîcheur et d’envie. Longtemps éloigné des plans d’eau ces derniers mois, d’une part, en raison de la période de confinement liée à la crise sanitaire et, d’autre part, à cause d’une intervention chirurgicale au genou subie début juin, le Cherbourgeois est regonflé à bloc et il espère bien réussir à se hisser sur le podium de la course dont il est toujours passé si près, en particulier l’an dernier.

« On attaque la dernière droite ! », se réjouit Alexis Loison. Lui qui a dû faire l’impasse sur la Solo Maître CoQ et la Solo Guy Cotten pour laisser le temps à son genou de se remettre, ne cache pas son impatience de s’aligner au départ de la Solitaire du Figaro, la course phare du Championnat de France Elite de Course au Large. « Je me serai évidemment bien passé de cette histoire de blessure mais c’est comme ça. Un coup de pas de chance. Le positif, c’est que le fait de ne pas avoir beaucoup navigué cette année booste mon envie. Je ne sais pas ce que ça va donner mais je pars clairement avec le même objectif que je m’étais fixé au départ », détaille le skipper Région Normandie. Un mal pour un bien ? Dans tous les cas, le Cherbourgeois a décidé de ne pas se mettre trop de pression sur les épaules. « La Solitaire réserve toujours plein de surprises. C’est toujours très compliqué de faire des pronostics et cela reste vrai pour cette édition. Quoi qu’il en soit, je vais faire de mon mieux. Je suis en forme, mon bateau est prêt et j’ai de belles voiles », souligne le marin qui a pu constater, lors de ses derniers entraînements à Port-la-Forêt, qu’il avait la vitesse. « J’ai réalisé différents speed-tests avec des gars comme Fred Duthil, Pierre Leboucher ou encore Tom Laperche, qui sont de bonnes références et j’ai pu voir que j’étais bien dans le match », précise le Normand.

Ne pas sous-estimer les difficultés

Cinquième de la dernière édition, Alexis Loison espère légitimement réussir à se hisser sur le podium cette année. « L’an passé, il m’a maqué un truc. Cela fait un an que je ressasse et que j’essaie de corriger des choses pour parvenir à faire mieux », relate le navigateur qui a terminé à sept reprises dans le Top 10 de l’épreuve depuis 2012 et qui aimerait naturellement bien faire partie du tiercé gagnant. « Je sais que j’ai quelques atouts. De plus, le parcours de cette 51e édition me plaît bien », avoue-t-il. De fait, le tracé va les mener, lui et ses adversaires, du côté des célèbres phares du Fastnet et de Wolf Rock avec, à la clé, avec plusieurs traversées de la Manche, des contournements de rails, puis des cailloux et du courant en pagaille. « J’aime régater en Manche. C’est mon terrain de jeu de prédilection mais je sais aussi qu’il est très piégeur. Être du coin n’est certainement pas synonyme d’avantage », assure Alexis qui ne minimise pas les difficultés techniques qui vont jalonner les quatre étapes, en particulier la troisième longue de 504 milles entre Saint-Quay-Portrieux et Dunkerque. « Cette dernière promet de potentiels gros retournements de situations avec les passages d’énormes barrières telles que le raz de Sein, le raz Blanchard ou Barfleur, entre autres. Je pense qu’elle peut vraiment faire mal. En tous les cas, sur le papier, elle me paraît redoutable », termine Alexis Loison dont les premiers atouts seront indiscutablement l’expérience et l’envie.

 

De la déception mais un contrat rempli

Alexis Loison, skipper du Figaro 3 RŽgion Normandie, ˆ lÕentrainement avant sa participation ˆ la Solitaire Hurgo Le Figaro 2019, le 25 mai 2019, photo © Jean-Marie LIOT

La 50e édition de la Solitaire Urgo Le Figaro s’annonçait hors-normes avec un plateau unique, un parcours atypique et l’arrivée du tout nouveau Figaro Bénéteau 3. Elle s’est révélée hallucinante avec une météo complètement folle qui a distribué et rebattu en grand les cartes un certain nombre de fois, en témoigne le parcours d’Alexis Loison. Le skipper de Région Normandie, qui a d’emblée écopé de plus de 8h30 de retard sur le leader après une mauvaise option lourdement payée dans la première étape, s’est ensuite complètement relancé dans le match après un coup d’enfer aux abords de l’île d’Aurigny dans la troisième manche avant de voir ses espoirs de podium (et même de victoire) s’effondrer dans les derniers milles de l’ultime round. Au final, le Cherbourgeois ne manque la troisième place que de 17 petites minutes. Dérisoire après trois semaines de mer et 2000 milles parcourus entre Nantes, Kinsale, Roscoff et Dieppe. Si la déception est palpable chez le marin, celui-ci signe toutefois une très belle 5e place au classement général, son meilleur résultat sur l’épreuve depuis son arrivée sur le circuit.

« J’ai gros à gagner et gros à perdre, mais je suis prêt à jouer », avait lancé Alexis Loison avant le départ de la quatrième et dernière manche de la Solitaire Urgo Le Figaro. Le skipper de Région Normandie, qui occupait alors la 3e place au classement provisoire, pouvait tout aussi bien aller chercher la victoire que sortir du Top 10 à l’issue de ce dernier acte de 500 milles entre Roscoff et Dieppe via la Grande Basse de Portsall, Wolf Rock, Owers et Saint-Marcouf. Une ultime étape qui n’a, certes, pas ressemblé aux trois autres, mais qui a connu moultes rebondissements, des nouveaux départs et un nombre de changement de leaders conséquent. Alexis Loison a indiscutablement fait partie des grands animateurs de ce dernier round, menant les débats un long moment et enroulant en tête le phare de Wolf Rock, avant de connaitre des derniers milles plus difficiles et de boucler le parcours en 25e position, à trois quart d’heures du vainqueur, Éric Péron, mais surtout une poignée de minutes derrière Anthony Marchand et Corentin Douguet qui lui passent, de ce fait, devant au général. « Ça pique surtout ça m’est un peu tombé dessus comme ça. J’ai eu la sensation de bien maîtriser les 4/5 de l’étape, voire très bien et puis voilà… », explique Alexis qui rétrograde donc à la 5e place au classement, manquant le podium pour à peine 17 petites minutes. « C’est dur à vivre, c’est sûr, et en même temps, je me dis que je viens quand même de faire dans les cinq de ce Figaro. Un Top 5, c’était l’objectif de départ puisque je voulais améliorer mon meilleur score. Le contrat est rempli au final, mais c’est la manière qu’il aurait fallu un peu affiner, même si le résultat est évidemment top », détaille le navigateur normand qui, pour mémoire, avait terminé deux fois sixième de l’épreuve, en 2015 puis en 2016.

Déjà prêt à revenir plus fort

« Cette Solitaire a été dingue et faire cinquième de cette édition, ce n’est pas rien. J’améliore mon score, mais aussi ma façon de naviguer. Je montre vraiment que je suis ultra présent. Il ne manque pas grand-chose pour l’emporter et c’est à ça que je m’accroche aussi, parce qu’au final, je n’ai jamais été aussi proche », commente le skipper qui a navigué avec panache lors de ces trois dernières semaines puisque sur l’ensemble des quatre étapes courues, il a toujours mené au moins une fois. « J’ai ma façon de faire. Cela fait que parfois je me prends des revers un peu puissants, mais cela paie aussi quand ça passe. Je ne vais pas changer ma façon de naviguer, même si des petits ajustements sont nécessaires, notamment dans le registre du mental, même si j’ai fait un gros travail là-dessus. Je suis satisfait du boulot qui a été fait ces derniers mois, maintenant, on en découvre tous les jours. Je suis content de la façon dont je me suis entouré, que ce soit avec le Pôle Finistère Course au Large, avec Dominic Vittet pour la météo ou avec tous techniciens qui ont passé le bateau en revue pour la performance, le matelotage et le reste. Tous des gens avec lesquels j’avais vraiment envie de travailler ont tous répondu présents et de ça je suis très content », a ajouté Alexis d’ores et déjà prêt à revenir plus fort, et à enfin se hisser sur ce podium qui lui tend les bras, toujours avec le soutien de la Région Normandie, de Custo Pol et du Groupe FIVA.

Ils ont dit :

Hervé Morin, Président de la Région Normandie : « C’est une grande satisfaction de voir Alexis jouer les premiers rôles dans cette Solitaire du Figaro. C’est que nous espérions en faisant évoluer notre dispositif « Talent Normand » et en investissant dans un bateau. Alexis répond pleinement à nos espoirs et même au-delà ! Au travers de ses résultats, c’est toute la filière nautique normande qui est rassemblée et valorisée : l’excellence de la formation, la qualité des services et des plans d’eau, les savoir-faire des entreprises et de l’industrie, le dynamisme et le volontarisme des territoires normands »

Géry Trentesaux, Président de Géry Trentesaux Investissements : « Toute l’équipe de Courrier a suivi la course d’Alexis. Cette 50e édition de la Solitaire a été incroyable, d’abord de par des conditions météo, avec un manque de stabilité du vent sur un mois comme on en a rarement vu. La course n’a, de fait, pas été évidente. Des leaders ont pris une raclée et des challengers ont fait des prouesses. Une vingtaine de Figaristes sont d’un niveau excellent et dix d’entre eux peuvent gagner des étapes. Yoann Richomme, qui avait déjà fait forte impression sur la Route du Rhum, a une nouvelle fois été très impressionnant. Pour sa part, Alexis a fait un très beau Figaro et il manque de peu le podium. La voile est ainsi. C’est un jeu, avec du vent, des courants, des algues… Je le félicite néanmoins pour sa belle performance. »

Yannick Vergez, Président du Groupe FIVA : « Alexis manque le podium de peu. C’est décevant pour lui, évidemment. Jusqu’alors, il avait terminé plusieurs fois 6e. La victoire d’étape lui a échappée dans la manche n°3 alors qu’il l’avait dominée de A à Z. Il n’a pas eu trop de chance avec les algues à Ouessant et les minutes qu’il a concédées là à Anthony Marchand et Gildas Mahé sont probablement celles qui font la différence au bout du compte. Il méritait ce podium qu’il vise depuis un petit bout de temps, mais il y arrivera une prochaine fois. La Solitaire est toujours intéressante et cette année, je dois dire que ça a été vraiment passionnant. Le summum même, d’autant que les images de mer qui nous sont parvenues, je pense notamment à celles du passage d’Aurigny, ont été extraordinaires. »

Alexis Loison : « Réussir à être à l’aise au plus vite »

Après avoir récupéré son Figaro Bénéteau III le 16 janvier dernier, puis préparé sa monture au chantier Caennais V1D2 afin la mettre au propre et de commencer à l’optimiser, Alexis Loison, s’apprête désormais à entamer les premières navigations pour prendre en main sa nouvelle machine équipée de foils. Le challenge est de taille pour le skipper Région Normandie pour les deux saisons à venir qui, fort de déjà 13 années d’expérience et de très nombreux succès sur le circuit des Figaro Bénéteau, affiche légitimement des ambitions fortes, même si ce changement de support impose de trouver au plus vite de nouveaux réglages et de nouveaux repères. Et c’est d’autant plus vrai que le coup d’envoi de la première épreuve de l’année, la Sardinha Cup qui se jouera en double entre Saint-Gilles-Croix-de-Vie et Lisbonne, sera donné dès le 7 avril prochain, et qu’en prime, de très nombreux grands noms de la voile ont choisi de faire leur retour sur le circuit, à l’image de Loïck Peyron ou Michel Desjoyeaux. Bref, on l’aura compris, 2019 s’annonce aussi intense que passionnante pour le Cherbourgeois qui vise clairement à la fois un podium sur la Championnat de France Elite de Course au Large et sur la fameuse Solitaire Urgo – Le Figaro. Entretien.

Vous avez reçu votre nouveau bateau le 16 janvier dernier. On image que, depuis, le temps est compté ?

« Au début, après le déballage du bateau, nous avons réalisé un premier état des lieux et, comme l’autorise la classe, nous avons retravaillé différents points, comme par exemple la quille, dans le but de lui donner un plus joli profil. Nous avons également fait beaucoup de montage et de matelotage, puis nous avons soigné l’installation du système de foil. Au final, nous nous en sommes bien sortis et nous avons fait un truc propre. Après cette période de dix jours, nous avons mis le bateau sur un camion pour le descendre en Bretagne en passant par le Conseil Régional de Normandie. Là a eu lieu la cérémonie de baptême du Figaro III en présence d’Hervé Morin, Président de la Région. Ce moment restera évidemment un joli souvenir dans la vie du bateau et du projet. Dans la foulée, le camion a repris la route pour Port-la-Forêt où il est arrivé mardi matin. Très vite, tout s’est enchaîné : nous avons mis à l’eau mercredi puis mâté hier (jeudi). Les voiles sont prêtes et je dois les récupérer ce vendredi soir avant d’attaquer les premières navigations. »

A partir de quand sont prévues ces premières sorties en mer ?

« Aujourd’hui et demain, je participe au stage de survie imposé par la Fédération Internationale (World Sailing) tous les cinq ans. L’objectif est donc d’effectuer la première navigation à partir de lundi, puis d’en enchainer autant que possible avant le premier stage d’entraînement proposé par le Pôle Finistère Course au Large, le 12 février prochain. Pour ces premiers tests sur l’eau, j’ai prévu de réaliser une campagne de speed-test (tests de vitesse, ndlr) avec Pierre Leboucher qui travaille avec le même maître- voilier que moi, en l’occurrence Technique Voile. Le directeur technique de la voilerie, Fred Duthil, sera à mes côtés à bord et c’est aussi lui que j’ai choisi pour participer à la Sardinha Cup, l’épreuve qui ouvrira la saison dès la fin du mois de mars. Fred est à la fois un grand champion et quelqu’un de très intuitif. Il m’apportera assurément beaucoup pour la suite, et notamment en vue de la Solitaire Urgo – Le Figaro, la course phare de la saison. »

Autre point positif, vous êtes aujourd’hui l’un des tous premiers à mettre à l’eau…

« En effet et c’est important pour moi. Maintenant, il est temps d’aller tester le matériel surtout que la saison qui s’ouvre est assez particulière. Je suis très content de continuer de régater sur le circuit des Figaro Bénéteau car il va, à coup, sûr y avoir de la super bagarre avec le retour de nombreux anciens vainqueurs de la Solitaire et plein de très grands champions. Je mesure pleinement la chance que j’ai de pouvoir continuer à être là, surtout une année comme celle-là. Reste que la première course va vraiment arriver très vite et que pour cette raison, il va être très important de se sentir rapidement à l’aise sur la machine. Ce sera, en effet, important de pouvoir rapidement sortir le nez du bateau et de pouvoir se concentrer sur la stratégie qui représente, naturellement, une part essentielle de la performance. »

Comment va s’articuler votre saison 2019 ?

« Six épreuves sont au programme du calendrier la classe cette année (lire ci-après, ndlr). Mon objectif et celui de la Région Normandie, est de toutes les faire. La spécificité de cette nouvelle saison, c’est qu’elle est très concentrée et qu’elle va nous faire parcourir de nombreux milles, avec la Sardinha Cup mais aussi une Solitaire dotée d’étapes assez longues. En résumé, 2019 promet d’être intense. Par ailleurs, si certains ont tendance à dire qu’avec l’arrivée du Figaro III, ça repart d’une page blanche, je suis pour ma part un peu moins radical. J’ai aujourd’hui 13 années de Figaro dans les pattes et je sais que cela est un atout. Il y a forcément une certaine routine sur certains points que je vais retrouver, des choses auxquelles je vais naturellement attacher plus ou moins d’importance car je connais les priorités. Je vais ainsi pouvoir me concentrer sur le bateau et j’avoue que j’ai hâte de voir ce que ça donne sur l’eau. La bonne nouvelle, c’est que des conditions assez variées sont annoncées pour la semaine prochaine. Cela va permettre de tester un peu toutes les allures et toutes les manœuvres. Ce sera une grosse étape de franchie. Mon idée, c’est de faire passer un maximum de monde à bord de Région Normandie pour avoir un maximum de regards différents. Je naviguerai notamment avec Sébastien Simon, le vainqueur en titre de la Solitaire du Figaro, lors du premier stage. Ce sera important de marquer les esprits dès le début. Idem lors de la Sardinha Cup. De fait, même si ça restera une épreuve d’apprentissage, ce sera important d’être dans le coup car à l’arrivée, on pourra déjà tirer pas mal de conclusions. »

 

Le calendrier d’Alexis Loison en 2019

 

  • Sardinha Cup entre Saint-Gilles-Croix-de-Vie et Lisbonne, aller et retour, entre le 25 mars 2019 et le 14 avril. Course en double. Cette épreuve est une nouveauté.
  • Solo Maitre CoQ, aux Sables-d’Olonne, du 26 avril au 5 mai. Course en solitaire.
  • La Solo Concarneau, autour du 12 mai, ne comptera pas pour le championnat de France Élite de course au large, mais la course en solitaire sera qualificative pour la Solitaire Urgo Le Figaro.
  • Solitaire Urgo Le Figaro, du 26 mai au 30 juin, l’arrivée de la course est prévue à Dieppe. Course en solitaire et à étapes.
  • Douarnenez Horta entre Douarnenez et Horta (Açores), aller et retour. 21 juillet au 18 août. Course en solitaire.
  • Tour de Bretagne, du 1er au 14 septembre, parcours dévoilé lors du Nautic 2019. Course en double.