Morgan Lagravière : « Nous avons retrouvé l’intensité et le dynamisme ! »

C’est un équipage Franco-Britannico-Italien (Thomas Ruyant, Morgan Lagravière, Abby Ehler, Ambrogio Beccaria) profondément heureux qui a porté vendredi dernier l’IMOCA Allagrande Mapei à la troisième place du Leg 3 de The Ocean Race entre Cartagena et Nice. Heureux de retrouver un podium, naturellement, mais surtout ravi et comblé d’avoir renoué avec une intensité et un dynamisme de course un peu oubliés dans le tumulte d’un démarrage difficile de l’épreuve, suite à un accrochage dès les premiers hectomètres de la course à Kiel, et à l’abandon  consécutif du Leg 1. Performer du bord, régatier hors pair, compétiteur viscéral, Morgan Lagravière est depuis plusieurs saisons le complice et l’un des artisans des succès de TR Racing aux côtés de l’ami Thomas Ruyant. A la frustration des premières étapes, il avoue aujourd’hui avoir retrouvé  entre Cartagena et Gênes cette niaque, cette envie, ce dynamisme à son sens indissociables de toute compétition nautique. Le trio qu’il forme avec Ambrogio Beccaria et Thomas Ruyant s’est soudé et fonctionne désormais à l’instinct, à la compréhension et à l’analyse partagées des milles et une problématique de la course, pour une jubilation palpable à faire fonctionner au meilleur de ses potentiels leur plan Koch Finot- Conq pourtant peu typé pour l’exercice de la régate en Méditerranée, au coeur de l’été. Morgan quittera le bord à l’issue de l’étape de Gênes pour partir vers de nouveaux horizons véliques. Sentimental en diable, il sent déjà venir l’écho nostalgique des extraordinaires moments passés au sein de TR Racing, avec notamment ces deux historiques victoires back to back dans la transat Café L’Or (ex Jacques Vabre).

Morgan Lagravière :

« Je ressens à cette arrivée à Nice et pour la première fois depuis Kiel, le sentiment d’avoir pleinement vécu la course. Nous avons retrouvé le rythme et l’intensité que l’on se doit de mettre dans toute régate. L’arrivée de la très expérimentée Abby Ehler y est pour beaucoup. Mais notre nouvelle organisation à bord nous a surtout permis de faire les choses à fond, sans retenue, avec confiance. La Leg 2 a été difficile, disputée à mon sens sur un faux rythme, jamais totalement à fond dans nos choix, et cela, certainement à cause du traumatisme de l’accident du départ. Tout cela a changé depuis Carthagène. Nous avons trouvé la confiance et la complémentarité entre nous.

On a depuis mis l’intensité nécessaire, mais on voit que cela ne suffit pas pour détrôner les deux leaders Biotherm et Holcim-PRB. Ce sont des bateaux très typés pour les conditions que nous rencontrons sur cette épreuve, avec un vent majoritairement medium à faible, souvent contraire. Notre abandon et avarie sur la Course des Caps en juin a pénalisé notre préparation à ce tour de l’Europe en équipage.

La concurrence a su modifier ses bateaux dans le sens de la recherche exacerbée du gain de poids, ce que nous n’avons difficilement pu faire. Cet élément peut faire la différence. On ne dispose pas des mêmes outils avec un bateau typé pour le large et ceci joue bien entendu sur les prises de décisions du bord. Plus légère, la concurrence prend ainsi plus de risques et navigue en confiance. Nous sommes conscients de nos axes de progression pour se mettre au niveau des challenges qu’impose la Méditerranée. Mais cette troisième place, avec la proximité que l’on a eu avec les leaders, prouve que l’on n’est pas loin de la vérité.

La course s’arrête pour moi à Gênes. Je ne connaîtrai pas les mystères de l’Adriatique. Je suis très heureux de cette complicité entre Ambrogio et Thomas. Ce bateau m’a énormément apporté de bonheur, de succès et de plaisir. C’est pour moi la fin d’une très belle histoire. Je sais que Thomas ressent un peu la même chose. Il a hâte de partir sur son nouveau projet, avec son nouveau bateau et de nouveaux partenaires. »

Une nouvelle page s’ouvre pour Thomas Ruyant

default

En ce milieu d’été, le Nordiste Thomas Ruyant endosse un nouveau costume, celui de mentor et navigant du projet IMOCA d’un nouvel arrivant dans la Classe, l‘Italien Ambrogio Beccaria.

Charge en effet au patron de l’écurie TR Racing de révéler tous les secrets, toutes les ficelles du plan Koch-Finot Conq ALLAGRANDE MAPEI, anciennement VULNERABLE, et qui s’apprête à prendre dimanche le départ de The Ocean Race Europe à Kiel en Allemagne, sous sa nouvelle livrée aux couleurs de l’entreprise MAPEI, partenaire du navigateur Italien.

Thomas prendra toute sa part dans ce nouvel opus du tour de l’Europe, aux côtés de son complice Morgan Lagravière, de Abby Ehler et des prometteurs Manon Peyre et Hugo Feydit.

Peu de place pour le farniente en ce mois d’août pour Thomas et ses équipes, engagés en parallèle de la participation à The Ocean Race Europe, dans la quête d’un partenaire titre pour son nouvel IMOCA sur plan Koch en construction à Lorient, et destiné à aborder avec ambition les saisons 2026 à 2029.

En attendant place aux deux belles épreuves de cette fin d’année 2025, à commencer par ce tour de l’Europe en équipage dès dimanche, qui se clôturera en octobre par la Transat Café L’Or dont Thomas et Morgan, rappelons-le, sont les doubles derniers vainqueurs en date, et que le Nordiste disputera cette fois avec Ambrogio Beccaria à bord de son voilier désormais appelé ALLAGRANDE MAPEI.

VULNERABLE devient ALLAGRANDE MAPEI

Il aura fallu toute la maîtrise technologique des équipes de TR Racing pour permettre à l’Italien Ambrogio Beccaria d’aligner dans les meilleures conditions son nouveau ALLAGRANDE MAPEI au départ de The Ocean race Europe dimanche prochain, contraint, on s’en souvient, à l’abandon lors de la Course des Caps en juillet dernier, alors qu’il cravachait aux trousses du futur vainqueur. L’expertise et le savoir-faire des hommes de Ruyant ont en effet permis le remplacement express du mât, après avoir vaillamment convoyé le bel IMOCA blessé depuis les confins de l’Ecosse. Désormais paré de sa nouvelle casaque, ALLAGRANDE MAPEI va bénéficier des talents et de l’envie d’un équipage haut de gamme pour contourner en course l’Europe occidentale à destination de la mer Adriatique et du Montenegro. Thomas y jouera les co-skipper, à l’écoute du talentueux Ambrogio au parcours en Mini et Class40 si proche du sien.

De la Baltique à l’Adriatique

4 500 miles de navigation côtière, depuis la mer Baltique jusqu’à l’Adriatique, en passant par la Mer du Nord, la Manche, l’Atlantique et la Méditerranée attendent les équipages mixtes de 4 marins embarqués sur chacun des 7 voiliers en lice. Une belle tranche de vie, de découverte et d’aventure propice à moult rebondissements au coeur de l’été, quand vents, courants et états de mer se montrent des plus capricieux. Thomas et Ambrogio ont reconduit l’équipe qui avait si brillamment entamé la Course des Caps, avec la jeune et prometteuse Manon Peyre en soutien du Maître de la performance Morgan Lagravière. Tous ces marins ne disputeront pas l’intégralité des 5 étapes au programme et ce sont la Britannique Abby Ehler et un autre membre de TR Racing, Hugo Feydit, qui viendront suppléer Manon et Morgan en milieu d’épreuve. A noter que conformément au règlement de la course, chaque voilier embarque un OBR, On Board Reporter chargé de faire vivre en images et de l’intérieur cette belle aventure. C’est l’incontournable et talentueux Pierre Bouras qui officiera en l’occurrence.

Thomas Ruyant : Une période de transition passionnante !

« L’ex VULNERABLE est aux couleurs de Mapei, avec Ambrogio Beccaria pour skipper officiel. C’est une période de transition passionnante qui s’ouvre pour moi et TR Racing, avec une superbe actualité sportive préfigurée par ce The Ocean Race Europe, notre bel IMOCA en construction à Lorient, et notre envie de séduire un partenaire pour un super programme à venir dès 2026, avec du solo, du double de l’équipage.
Nous revenons de la Course des Caps avec, certes, la déception de notre abandon, mais énormément de satisfactions quant au comportement du bateau qui volait au portant dans la brise, et une magnifique cohésion entre Ambrogio, Manon (Peyre), Morgan et moi-même. On s’est montré complémentaire et on a bien rigolé, ce qui ne gâche rien !  Ambrogio a d’emblée imposé sa patte, son style. Nous progressons tous à son contact et la transition avec Mapei se fait en douceur.
Nous basculons sur un nouveau format de course, par étapes et en équipages, avec un volet logistique très riche, géré par mes équipes de TR Racing auxquelles s’ajoutent quelques éléments issus du Team Mapei. Nos 5 techniciens et deux logisticiennes vont naturellement tourner au rythme des étapes car nous partons pour plus de 40 jours d’aventure entre Kiel et le Montenegro.
C’est une course découverte pour beaucoup d’entre nous. Je n’ai personnellement jamais navigué en mer Baltique, contrairement à Morgan qui connait bien Kiel, ou en Adriatique. On s’attend à connaître toutes sortes de conditions, et nous travaillons d’arrache-pied avec Marcel van Triest à terre pour déceler les mille et un pièges de ces navigations au plus près de côtes très fréquentées, avec des DST, des courants, des champs d’Eoliennes…
On s’attend à un rythme soutenu de la part de toutes les équipes, car les étapes sont très courtes, 2 ou 3 jours au plus. Ca va pousser fort. On va se découvrir dans la durée et c’est aussi une dimension passionnante de ce format en équipage. L’été en Méditerranée, on s’attend à voir claquer les voiles (Rires).
J’alterne beaucoup entre mes casquettes d’entrepreneurs et celles de marin. C’est passionnant, un peu chronophage mais les métiers de marin et d’entrepreneurs se nourrissent l’un de l’autre. »

En bref :

2ème édition de The Ocean race Europe
4 500 milles entre Kiel (Allemagne) et Boka Bay (Montenegro)
Départ : Dimanche 10 août
Arrivée : 20 septembre
Au départ de Kiel, en Allemagne, la flotte IMOCA contournera l’Europe, faisant escale à Portsmouth, Matosinhos- Porto, Carthagène, Nice, Gênes, et enfin la baie de Boka, au Monténégro.

7 voiliers IMOCA engagés
Règlement :
Le vainqueur de The Ocean Race Europe sera l’équipage qui aura accumulé le plus de points pendant la course. Le vainqueur de chaque étape se verra attribuer le même nombre de points que le nombre de participants à la course. La deuxième place reçoit un point de moins et ainsi de suite.
Cette année, les organisateurs ont introduit une nouveauté avec l’introduction de Bonus Scoring Gates : des portes intermédiaires positionnées tôt dans chaque étape (sauf Gênes–Boka Bay), offrant deux points au premier et un point au deuxième. Une mécanique qui valorise les bons départs et oblige les équipages à rentrer immédiatement dans le match.

Les « Scoring Gate » sont les suivantes : Étape 1 : Phare de Kiel ; Étape 2 : Entrée dans le Needles Channel ; Étape 3 : Longitude du Cabo de Palos ; Étape 4 : Marque de virage de Monaco ; Étape 5 : Latitude de Santo Stefano.

L’étape 2, de Portsmouth à Carthagène, compte double : 50 % des points sont attribués en fonction des positions de la flotte au Fly-By de Matosinhos / Porto, au Portugal, et l’autre moitié en fonction des positions à l’arrivée de l’étape à Carthagène. Le classement final de l’étape (et non les points) sera basé sur les positions de l’arrivée à Carthagène.
L’escale finale dans la baie de Kotor, au Monténégro, compte une course côtière qui se déroulera le 20 septembre et au cours de laquelle des points équivalents à une étape de large seront attribués.

Advens et TR Racing ; 7 ans d’audace

Au terme de 7 années d’un partenariat fructueux et innovant entre Advens, leader Européen de la cybersécurité, et l’écurie TR Racing de Thomas Ruyant, Alexandre Fayeulle, Président et Fondateur de l’entreprise Nordiste, a décidé de concentrer ses investissements sur ses projets sociétaux avec au cœur le projet VULNERABLE. Il demeure profondément engagé auprès de Thomas et de TR Racing dont il est le co-fondateur. Mais le nom du futur voilier de Thomas actuellement en construction sur plan Antoine Koch est désormais disponible pour tout annonceur ambitieux à compter de la saison 2026, tandis qu’Advens demeure partenaire technologique du Team.

Advens et TR Racing, c’est l’histoire de deux hommes, deux Nordistes, l’un marin, l’autre chef d’entreprise, décidés à briser les codes du sponsoring sportif classique, afin de donner sens et cohérence à la double action nautique et entrepreneuriale. Les 7 années de travail en commun pour porter Thomas Ruyant et ses voiliers au sommet de la course au large internationale, avec notamment ce triple succès historique dans les transat Jacques Vabre 2021 et 2023 et la Route du Rhum 2022, ont aussi été jalonnées d’innovations et de révolution dans la valorisation à des fins sociétales des performances sportives et médiatiques du navigateur.

L’histoire d’une double rencontre :

Après avoir fondé Advens en 2000 et créé avec Thomas Ruyant l’écurie de course au large TR Racing en 2018, Alexandre Fayeulle est, deux ans plus tard, le premier grand sponsor à offrir le naming d’un bateau de course au large à une association (LinkedOut par Entourage). « L’histoire de ce projet, c’est une double rencontre » explique Alexandre, « avec Thomas et son bateau deux mois avant le départ du Vendée Globe 2016, et avec la course le jour du départ, avec les 350 000 spectateurs amassés le long du chenal des Sables d’Olonne. L’étincelle a pris et m’a embrasé, au point de créer cette écurie TR Racing avec Thomas, de construire un premier bateau, puis un deuxième… C’est une superbe histoire qui a été couronnée de succès sportifs, avec le triplé Jacques Vabre 2021-Route du Rhum 2022-Jacques Vabre 2023. Puis, lors du dernier Vendée Globe, avec l’engagement de deux IMOCAS performants portant le même nom VULNERABLE, celui d’une cause sociétale qui m’est chère. »

Thomas Ruyant : « Nous avons grandi ensemble ! »

« C’est avant tout une histoire d’amitié, de confiance et de respect mutuel entre Alexandre et moi. Je crois que nous avons beaucoup appris l’un de l’autre, que nous avons mûri ensemble, et grandi chacun dans nos domaines respectifs de notre association. Durant ces 7 années, notre complicité a été totale et je suis fier de ce que nous avons réalisé, tant sur le plan sportif que sociétal. Alexandre est un visionnaire, qui a poussé très haut le curseur de la performance et de l’impact de projets nautiques au sein de notre société. Il a pris des risques et sa passion est communicative. C’est une personnalité rare et novatrice, qui fait bouger les lignes. Les notions d’impact, de résultats tangibles et palpables ne sont plus les mêmes depuis les expériences positives du naming mis en place par Advens. Notre collaboration technologique se poursuivra dans les années qui viennent car dans ce secteur qui est le coeur de métier d’Advens, nous avons aussi su être novateur et faire progresser tout le milieu dans l’analyse et la compréhension de nos Imocas à foils. »

Une Route du Rhum et deux Transat Jacques Vabre 

Trois succès retentissants ont scandé la collaboration entre Thomas Ruyant et Alexandre Fayeulle, d’autant plus marquants qu’ils se sont succédés. Deux victoires « back to back » dans les Transat Jacques Vabre 2021 et 2023, avec entre temps une nouvelle victoire, en IMOCA toujours, dans la Route du Rhum 2022.
Un an après un triomphe sur un parcours assez similaire entre Le Havre et la Martinique, dans le cadre de la Transat Jacques Vabre 2021, en double, associé à Morgan Lagravière, Thomas marquait de son empreinte le cycle d’épreuves de Vendée Globe à Vendée Globe, triomphant deux années de suite dans une course transatlantique majeure en monocoque. Son voilier LinkedOut accéléré par Advens, plan Verdier de 2019, achevait de magistrale manière sa maturation au sein de TR Racing, par une victoire à Pointe à Pître. Remplacé dès l’année suivante par un plan Koch-Finot Conq, Thomas et Morgan renouvelaient leur exploit et s’imposait de nouveau sur la Transat Jacques Vabre 2023.

Les temps forts d’une aventure singulière :

Un partenariat technique et sociétal (2018–2022)

Depuis 2018, Advens sponsorise TR Racing, apportant son expertise cybersécurité et R&D à bord de l’IMOCA 60 Advens 1, plan Verdier, construit en 2019 chez Persico Marine pour le Vendée Globe 2020.
Cette même année 2020, Alexandre et Thomas offrent le naming du bateau à LinkedOut, un dispositif inclusif de l’association Entourage pour la réinsertion de personnes en grande précarité. La plateforme a bénéficié d’une visibilité exceptionnelle grâce au Vendée Globe 2020 et la Transat Jacques Vabre 2021 et la Route du Rhum 2022, avec de très beaux résultats en termes de placements en emploi.
Advens s’investit alors totalement dans le développement technologique des bateaux de Thomas, apportant son expertise et son excellence dans la captation et l’analyse des datas du bord, mis à la disposition du skipper pour faciliter sa prise de décision en mer. Les capteurs embarqués permettent ainsi un pilotage ultra précis, réglage des foils, optimisation des voiles, détection d’objets flottants, gestion de la fatigue… un vrai laboratoire R&D !

Double projet “People” and “Planet” (2023–2025)

En 2023, TR Racing lance deux IMOCAs sous la  bannière “We Sail For People and Planet” :
For People : nouveau bateau skippé par Thomas Ruyant
For The Planet (ex‑LinkedOut) skippé par Sam Goodchild
L’objectif, mutualiser les moyens, multiplier la visibilité des messages d’inclusion et durabilité
Au printemps 2024, changement de braquet en matière sociétale puisque, de façon inédite, For People et For The Planet prennent le même nom : VULNERABLE. C’est une première sur le Vendée Globe, quand deux voiliers portent le même naming.

Pourquoi VULNERABLE ?

La vulnérabilité est tout autant source de fragilité que de force, de souffrance que de beauté, d’exclusion que de fraternité, d’effondrement que de renaissance, de peur que d’espoir …
… Et si un simple changement de regard sur nos vulnérabilités pouvait changer le cours des choses ? C’est cette prise de conscience qu’Advens, TR Racing et une coalition d’acteurs a réveillé lors d’une campagne associée pour inviter chacun à changer de regard sur la vulnérabilité. Une campagne pour apaiser, pour rassembler, pour espérer.

Performances sportives :

Vendée Globe 2020–21 → 6ᵉ place pour Thomas Ruyant.
Vendée Globe 2024-25 : 7ème place pour Thomas, 9ème place pour Sam Goodchild
Transat Jacques Vabre 2021, victoire à bord de LinkedOut. Plus de 160 personnes accompagnées via le programme.
Route du Rhum 2022, nouvelle victoire et plus de 300 candidats accompagnés.
Transat Jacques Vabre 2023, victoire à bord de For People
Le projet a été récompensé par un trophée Sporsora 2021 dans la catégorie “sponsoring responsable ».

L’heure des bilans :

Bilan Technique : immersion directe des équipes cybersécurité d’Advens sur la gestion des données de navigation en mer.
Sport & média : résultats remarquables sur les plus grandes courses océaniques, Vendée Globe, Jacques Vabre, Route du Rhum, offrant une large visibilité.
Sociétal & inclusif : plus de 300 personnes en précarité en réinsertion avec LinkedOut, des dizaines d’entreprises engagées, l’activation interne d’Advens (10 % des salariés coachs)

Trois évidences et une surprise

Off Groix, FRANCE – may 20 2025, Skipper Thomas Ruyant , Imoca VULNERABLE, Training prior for the Course des caps, on May 20, 2025 off Groix, France.
© Pierre Bouras

Quoi de mieux pour replonger dans le bain de la course au large en IMOCA pour un navigateur nordiste, qu’une belle course en équipage dans les Hauts-de-France ? C’est précisément le programme qui s’avance fin juin pour Thomas Ruyant. Une circumnavigation autour des îles Britanniques, la toute nouvelle et très prometteuse Course des Caps Boulogne-sur-Mer Banque Populaire du Nord. Solitaire dans l’âme, Thomas s’en délecte pourtant d’avance, à l’idée de régater tout l’été, au contact d’adversaires haut de gamme. Il réunit pour l’épauler sur la Course des Caps un équipage international, mixte, au profil aussi détonant qu’étonnant. Jugez plutôt. Morgan Lagravière, le Monsieur Plus de TR Racing depuis plusieurs années, décisifs dans les victoires lors des deux dernières Transat Jacques Vabre (Transat Café L’Or) aux côtés de Thomas, embarque comme une évidence. L’Italien Ambrogio Beccaria, dont les succès en Classe Mini et Class40 rappellent immanquablement le parcours de Thomas, s’impose lui aussi assez logiquement, puisque dès la fin de la Course des Caps, il endossera le ciré de skipper officiel du bateau, passé sous les couleurs de son partenaire Allagrande MAPEI. La belle histoire, aventureuse et humaine, est celle de Manon Peyre, bien connue des spécialistes des séries Olympiques, et que Thomas, en recherche de talent d’exception à la barre, enrôle, sur les conseils avisés de Morgan.

Ambrogio ; un « crash course » en IMOCA

Né à Milan il y a 34 ans, Ambrogio Beccaria découvre, enfant, la voile un peu par hasard en Sardaigne. Il a depuis fait son chemin en course au large, devenant le premier navigateur Italien à remporter la Mini Transat. Passé en Class40, il s’illustre aussitôt en remportant la Transat Jacques Vabre en 2023, The Transat et deux éditions de la Normandy Channel Race. Il découvre cette année l’IMOCA, habité de la même envie de performer rapidement.
« Je n’ai en tout et pour tout navigué que quelques jours en IMOCA, une étape de The Ocean Race sur Holcim et, la semaine écoulée à bord de VULNERABLE. Je découvre en douceur le bateau et l’équipe. VULNERABLE, qui sera Allagrande MAPEI pour The Ocean Race Europe et la Transat Café l’Or, est un bateau complexe et il me faut comprendre et maitriser de nombreux paramètres. Je priorise donc mon temps à bord. A chaque jour suffit sa peine, et Thomas, Morgan et les équipes de TR Racing sont à mon écoute. Après deux saisons et demie en Class40, ce qui me surprend le plus, c’est la vitesse de démarrage du bateau. Même dans peu de vent, on monte très vite dans les noeuds. On atteint très vite et sans effort les 25 noeuds. Le décollage, le vol, sont nouveaux pour moi. Il me faut comprendre où et quand mettre l’énergie, tant il y a de choses à maitriser. Pour l’heure, je ne suis qu’un simple équiper, mais dans deux mois, ce sera moi le skipper. J’arrive avec mon équipe qui travaille elle aussi en harmonie avec TR Racing. C’est une collaboration réussie, qui m’enlève beaucoup de stress. Je crois avoir un peu le même tempérament que Thomas sur l’eau. Il met énormément d’énergie dans sa manière de naviguer, mais il le fait avec calme, lucidité et… talent. Nous vivons de belles journées d’échanges et de partages de nos sensations à bord. Morgan est impressionnant.  Il est vraiment connecté à l’eau et au bateau. Il a un feeling incroyable. »

Manon Peyre ; Pourquoi moi ?

Manon n’en revient toujours pas. La jeune spécialiste du 49er de 23 ans, formée au Club la Pelle Marseille, vient de poser ses cirés à Lorient, au sein de l’écurie TR Racing de Thomas Ruyant. Le skipper Nordiste de VULNERABLE l’a tout bonnement sélectionné pour intégrer son équipage appelé à régater cet été autour des îles Britanniques lors de la première édition de la Course des Caps Boulogne sur Mer Banque Populaire du Nord (départ 29 juin). Des formats de course réservés à des équipages mixtes de 4 à 5 marins, auxquels vient s’ajouter un media man, Pierre Bouras. Totalement dépourvue de la moindre expérience en IMOCA et en course au large, Manon vit un rêve éveillé, lancée avec bienveillance et attention dans l’apprentissage d’un foiler dernier cri, aux côtés de pointures de la course au large, Thomas Ruyant, Morgan Lagravière et Ambrogio Beccaria. Repérée par Morgan Lagravière, lui -même athlète de haut-niveau en 49er, Manon n’arrive cependant pas les mains vides, loin de là. Athlète accomplie, Championne du Monde Junior de 49erFX, c’est aussi une tête bien faite, étudiante en Master de Business International à l’Université Paris-Dauphine, dotée d’un talent rare à la barre. Cela tombe bien, VULNERABLE est reconnu pour se barrer avec aisance et facilité. Un atout de poids dans les régates au contact et au plus près des côtes et reliefs au programme de la compétition boulonnaise.

Du 49er à la barre d’un foiler IMOCA !

« Je n’ai que quelques jours de navigation derrière moi et tout ce que je vis relève de la folie et de l’émerveillement. » Rapidement et chaleureusement prise en main par toute l’équipe de TR Racing, Manon Peyre découvre sans pression aucune l’environnement hautement technologique d’un Imoca dernière génération. « Quand j’ai vu le cockpit, avec toutes ces bouts, cadrans et retour d’informations, j’ai eu un petit moment de doutes » raconte-t’elle. « Mais Thomas, Ambrogio et Morgan m’ont tout de suite mise à l’aise. Ils sont aux petits soins pour moi, m’expliquent avec simplicité le fonctionnement du bateau. Dès la première sortie, Thomas m’a confié la barre et alors, quelle surprise ! VULNERABLE se barre comme un dériveur. Les sensations sont d’emblée inouïes. C’est impressionnant ! Quelles sensations ! de vitesse ! d’accélérations ! Certes l’habitat est plus que spartiate et l’exiguïté de la cabine m’a surprise. La convivialité, la sympathie, la gentillesse de l’équipage ont vite levé mes doutes et interrogations sur ma capacité à partager en mer de longues navigations. Mes seules nuits en mer, c’est lors de croisières familiales que je les ai passées. C’est une grande et formidable aventure qui s’offre à moi. Je vais énormément apprendre au contact de tels mentors. Une expérience qui va sans nul doute m’apporter beaucoup dans mes projets personnels, en Olympisme et Coupe de l’America. »

Née un 29 mars 2002 à Neuilly sur Seine dans une famille de passionnés de voile, Manon, Championne du Monde Junior de 49erFX, grandit à Aix-en-Provence et découvre l’Optimist à l’âge de 5 ans avec son frère jumeau Théo. Ensemble, ils se challengent au quotidien et tracent vite leur route vers le haut niveau en intégrant le Pôle France de Marseille en 2017. Manon devient alors Championne de France de Laser Radial et obtient deux sélections pour représenter la France au Youth World Sailing Championship. En 2020, elle se lance dans un projet olympique en 49erFX et obtient en 2023 le titre de Championne du Monde Junior en 49erFX avec sa coéquipière Clara Stamminger. Elle devient par la suite partenaire d’entraînement des médaillées olympiques Sarah Steyaert et Charline Picon. A présent, elle prépare les JO de LA 2028, avec une nouvelle coéquipière, Maïwenn Deffontaines, et avec pour objectif de ramener une médaille à la France en FX.

Morgan Lagravière, Monsieur Plus !

Monsieur Performance sera le pilier sur lequel Thomas Ruyant pourra de nouveau s’appuyer pour briller face à une redoutable opposition annoncée sur la Course des Caps. « Le programme est génial, avec ces navigations côtières truffées de pièges. L’équipage permettra de pousser le bateau et de continuer à l’apprivoiser, à apprendre sur ses potentiels dans des conditions différentes du très grands large. J’aime être dans la dynamique du partage en équipage. Chacun apporte sa pierre à l’édifice et c’est génial. Le bateau a été allégé cet hiver, sans modification majeure. Nous adaptons nos voiles aux nouvelles règles de la Classe. La Course des Caps va nous emmener très loin dans les latitudes Nord. Je ne suis personnellement jamais monté si haut. Le mois de mai nous permet de bien identifier les bons fonctionnements du bateau et d’imaginer les systèmes de quarts. Il y a beaucoup de fraicheur dans cet équipage, avec Ambroggio que je découvre, et Manon, qui arrive avec tout son talent et son envie. »

Pierre Bouras en médiaman

Thomas, Manon, Morgan et Ambrogio embarqueront sur la Course des Caps Boulogne-sur-Mer Banque Populaire du Nord Pierre Bouras en tant que médiaman. Photographe professionnel, vidéaste, droniste, Pierre, waterman dans l’âme, accompagne les aventures maritimes de Thomas Ruyant et TR Racing depuis l’époque du Souffle du Nord. Tout au long du tour des îles britanniques, il documentera la vie à bord du voilier VULNERABLE en envoyant à terre photos, vidéos et réactions du bord.

Un nouvel IMOCA Puissance 3

C’est une première au sein de la Classe IMOCA, la collaboration entre trois skippers, trois Teams, trois bureaux d’études dans la création de trois IMOCA conçus en coordination, pour un programme à débuter en 2026. Sous l’impulsion de l’écurie de course au large TR Racing, les équipes de Loïs Berrehar (Banque Populaire), Boris Herrmann (Malizia) et donc Thomas Ruyant ont en effet décidé de mutualiser leurs efforts et leurs compétences pour imaginer, concevoir et construire leurs machines respectives appelées demain à briller en solitaire et en équipage, en Transat et autour du monde. Grâce à Alexandre Fayeulle, Président d’Advens, co-fondateur de TR Racing et armateur, c’est le chantier CDK de Lorient qui a déjà commencé les travaux du bateau de Thomas. Le chantier construira les trois unités phosphorées en parfaite complicité par les trois Teams, sous la houlette de l’architecte Antoine Koch, lui-même appuyé par trois cabinets spécialisés, le sien Propre, AK Océan, mais aussi le célèbre cabinet Finot Conq et GSea Design pour les calculs et la mise en plans. 2026 et 2027 devraient ainsi voir les mises à l’eau des trois voiliers. L’oeil des avertis décèlera pourtant ici et là, au détour d’un cockpit ou de l’ergonomie d’un poste de barre, les subtiles et très personnelles modifications apportées par l’un ou l’autre des skippers pour adapter à sa philosophie de la navigation hauturière, l’aménagement de son IMOCA.

Antoine Koch, architecte :

« C’est en effet plutôt rare de voir ainsi en architecture navale une pensée coordonnée par trois entités distinctes. La conviction d’obtenir des gains significatifs sur la réduction de l’impact environnemental de la construction et sur le cycle de vie des bateaux nous a convaincu d’unir les efforts et les compétences de trois Teams renommés, Banque Populaire pour son skipper Loïs Berrehar, Team Malizia pour Boris Herrmann, et TR Racing pour Thomas Ruyant. La seule mutualisation des outillages pour trois voiliers devrait nous permettre de réduire l’impact de la construction et ensuite faire des économies d’échelle, tentant de coller au mieux aux contraintes de notre époque.  L’outillage représente en effet un peu moins de la moitié des émissions carbone d’un seul bateau. Chaque bateau réalisera ainsi une économie carbone. Nous travaillons donc sur un seul design, au lieu de trois projets différents grâce à la collaboration pleine et entière, de trois équipes concurrentes sur l’eau. Je travaille de concert avec d’autres designers talentueux, Thomas Dalmas en charge du design des appendices, Armand de Jacquelot, ingénieur Naval, l’architecte Bobby Kleinschmidt sur le design des coques, Gwénolé Bernard sur les systèmes de foils et de safrans, Félix de Navacelle pour les plans de pont et l’ergonomie, les roofs et casquette… dans un échange permanent avec les différents bureaux d’études des skippers. L’actuel VULNERABLE de Thomas, lancé en 2023, constitue la base de notre travail de développement. Ses formes tout en rondeur rendent la vie à bord plus agréable, moins brutale avec un bon passage dans la mer. On connait ses points forts, le portant dans la mer formée. Nous avons aussi identifié ses faiblesses, au près et sur mer plate. Nous travaillons à améliorer sa polyvalence. On veut gagner dans les phases de transition, compenser nos petits « trous » dans le petit temps, et toujours améliorer le passage dans les vagues. Le diable est dans les détails et nous progressons dans tous les domaines. La collaboration est très constructive, chacun apportant sa touche et sa personnalité. »

Thomas Ruyant, VULNERABLE : 

« Ce projet s’inscrit dans la continuité de ce qu’Antoine Koch et moi avons construit depuis 2019. Il était intervenu sur mon LinkedOut (Plan Verdier 2019), en travaillant sur deux versions de nos foils. Nous avions alors navigué ensemble, notamment sur la Transat Jacques Vabre cette même année. Il est l’architecte avec Finot-Conq de mon VULNERABLE actuel, véritable base de réflexion pour le cahier des charges établi par cette volonté tripartite de mutualisation des compétences de trois Teams ambitieux Banque Populaire, Malizia et TR Racing.  Antoine déborde d’idées. C’est un esprit très rationnel, cartésien, avec qui la communication est presque instinctive. Banque Populaire et ses équipes, qui ont excellé sur de nombreux supports, apportent leur touche. J’ai avec Boris une relation amicale, née de nos navigations en commun, notamment là encore sur une Transat Jacques Vabre. Malizia dispose elle aussi d’un Bureau d’Etude de qualité. Son bateau actuel (Plan VPLP 2022) est très différent du nôtre et nous apprenons beaucoup de son expérience récente. On va ainsi chercher les détails dans la quête d’amélioration de la base de VULNERABLE. La polyvalence est le mot clé, avec l’amélioration de la vitesse de démarrage du bateau dans le petit temps. Je suis, avec cette mutualisation des savoirs et des compétences, dans la même logique suivie deux années avec nos deux VULNERABLE, avec en plus cette dimension d’économie du coût carbone de nos bateaux. Une dimension écologique qui nous tient tous à coeur.  Le timing prévoit une mise à l’eau de notre bateau et de celui de Boris en mai-juin 2026. Banque Populaire est moins pressé, car focalisé sur le Vendée Globe 2028. En ce qui me concerne, je suis donc en capacité de proposer à un annonceur-partenaire un projet clé en main, avec un bateau au summum de la technologie du moment, animé par une équipe expérimentée, au service de mes ambitions intactes de performances sur tout le programme IMOCA. »

François Pernelle, responsable du Bureau d’Etudes de TR Racing : 

« C’est un moment très exaltant car on n’a pas l’habitude de travailler ainsi avec deux autres BE. Cela représente une somme de compétences assez impressionnantes. On phosphore beaucoup, on échange sur énormément d’idées. C’est très stimulant. Bien sûr, nous cultivons tous l’art du compromis. TR Racing, avec sa longue expérience, est bien armée pour ces challenges. Ce dossier est suivi de près par nos nouvelles pointures, les ingénieurs Raphael Caïro et Enrico Bandiera, qui échangent au quotidien avec les équipes de Malizia et de Banque Populaire. Nous partageons la même vision globale de la plate-forme, définie en amont par un cahier des charges validé par les teams. Les 3 Teams se réunissent chaque semaine pour faire le point autour des flux d’infos partagés par les architectes. Et la proximité au sein de la base de Lorient facilite le reste.  On va ainsi très loin dans les détails. Les trois bateaux co-conçus présenteront au final, quelques petites variantes dans les fonctionnements et l’ergonomie. VULNERABLE, plan Koch Finot-Conq de 2023 est une excellente base de référence, qu’Antoine Koch s’efforce d’améliorer en termes de polyvalence, pour gagner toujours et encore en vitesses moyennes. »

Loïs Berrehar, skipper Banque Populaire :

« Mutualiser avec deux autres équipes, c’est l’assurance de mobiliser plus de cerveaux ensemble afin de réfléchir à différentes options. C’est un travail vertueux et passionnant pour concevoir un bateau. Je trouve intéressant de le réaliser avec les équipes de skippers qui ont déjà une forte expérience au Vendée Globe. Ce qui est essentiel avec ce bateau, c’est la capacité de bien passer la mer formée. Pour lancer une Formule 1 dans un champ de bosses, il faut qu’elle soit bien résistante ! Les études de carènes d’Antoine Koch et de ses équipes sont très intéressantes à ce sujet. Avec l’équipe, nous avons pu mettre notre petite touche, notre réflexion… Et plus on avance, plus le projet est enthousiasmant ! »

Boris Herrmann, Team Malizia :

« Antoine Koch est un ami et un architecte extrêmement talentueux. Cela faisait longtemps que je voulais travailler avec lui et aujourd’hui, non seulement nous lui confions la conception de notre nouveau bateau, mais nous le faisons également avec TR Racing et Team Banque Populaire, deux équipes très performantes et expérimentés. Ensemble, nous réunissons nos compétences, nous apprenons les uns des autres, nous nous challengeons, dans l’espoir de construire les meilleurs bateaux de la prochaine génération. Nous partageons non seulement notre savoir-faire, mais aussi la construction, les moules et les outils de production, afin de réduire considérablement l’empreinte carbone de la construction. Cette approche nous permet de diminuer à la fois les émissions carbones et les coûts, tout en faisant progresser l’innovation. Ce nouveau bateau sera très différent de notre bateau actuel. Antoine a déjà dessiné deux bateaux très performants, dont VULNERABLE, le bateau actuel de Thomas. Ce design sert de point de départ pour la conception du nouvel IMOCA, le nouveau bateau a un très beau design en lequel je crois beaucoup. Thomas et moi sommes amis depuis de nombreuses années, et nous avons fait la Transat Jacques Vabre 2017 ensemble. J’ai beaucoup de respect pour lui en tant que marin, lui et son équipe sont très expérimentés, avec trois campagnes de Vendée Globe au compteur. Team Banque Populaire dispose également d’un bureau d’études de tout premier plan et fait aujourd’hui son retour dans la classe IMOCA avec Loïs comme skipper. Bien qu’il débute en IMOCA, je connais Loïs depuis qu’il est tout petit : en 2008, il avait baptisé mon Class40 Beluga Racer. Cette année, il naviguera avec Team Malizia en tant que co-skipper dans The Ocean Race Europe 2025. Aujourd’hui, nos trois équipes travaillent ensemble aux côtés d’Antoine, et c’est un vrai privilège de collaborer avec ces personnes brillantes. Ce genre de coopération est rare dans notre sport, et cela rend le processus de conception de notre nouveau bateau à la fois inspirant et stimulant. Ce nouveau bateau reflète cet état d’esprit : innovant, rigoureusement développé, et plein de potentiel. »

Mise à l’eau de VULNERABLE ce lundi 5 mai ; coup d’envoi de la saison 2025 de Thomas Ruyant

default

Avec ce retour sur l’eau de l’IMOCA VULNERABLE, à Lorient ce lundi 5 mai, ce sont bien les trois coups d’une nouvelle saison singulière qui résonnent pour Thomas Ruyant et ses techniciens et équipiers de TR Racing. Le skipper Dunkerquois met en effet cette année sa vocation pour les navigations en solitaire entre parenthèses, et se projette avec envie et ambition vers un programme qui fera la part belle à l’équipage et au double. Course des caps – Boulogne sur Mer- Banque Populaire du Nord, The  Ocean race EUROPE, puis la Transat Café L’Or en double au départ du Havre à l’automne, Thomas se délecte déjà à l’idée de partager avec un équipage haut de gamme et mixte les subtilités de son plan Koch Finot Conq 2023 sur des parcours nouveaux et vers des horizons si peu fréquentés par les voiliers d’exception de la Classe IMOCA.

VULNERABLE en pleine forme !

Peu de repos pour les braves. Depuis son arrivée en chantier en mars dernier, l’IMOCA VULNERABLE a fait l’objet de toutes les attentions des équipes de TR Racing. Premier satisfecit au crédit des constructeurs et préparateurs du plan Koch-Finot Conq, l’état impeccable du voilier, coque, gréement, système, pourtant gaillardement sollicités tout au long des 29 360 milles effectivement avalés lors du Vendée Globe (16,16 noeuds de moyenne). « Après de profondes inspections de la structure par scanner, et le constat de l’irréprochable état de la coque, nous avons pu très rapidement basculer sur les petites transformations envisagées en fonction de la saison à venir » explique Thomas. « Une saison marquée par des courses en équipage (Course des Caps, The Ocean race Europe) et en double (Transat Café L’Or), qui exigent quelques adaptations ergonomiques en vue d’accueillir 3 hommes et 1 femme d’équipage. Pas de transformations ni de modifications majeures mais un gros démontage et remontage des systèmes, accastillage, et mise en place de petits aménagements pour faciliter la vie en groupe, siège, cales pieds, poste de barre, car VULNERABLE est un bateau très agréable à barrer. Le bateau typé solitaire sera désormais en capacité d’accueillir 3 hommes et une femme d’équipage, certes dans un très relatif et spartiate confort, mais avec des aménagements pensés pour permettre à chacun de tenir son rôle. On a par ailleurs réfléchi à l’aménagement de la cuisine. »

Un VULNERABLE allégé et capté !

Autre point d’importance ayant dicté le tempo de la remise en forme du bateau, la quête minutieuse des gains de poids. « Nous mettons à l’eau un voilier allégé, pour compenser quelque peu la présence de quatre marins, plus un mediaman (obligatoire sur ce programme. ndlr) tout au long de la saison. » VULNERABLE adapte par ailleurs ses voiles conformément aux dernières instructions de la Classe. « L’attraction de cette nouvelle saison est l’équipage, avec cette passionnante dimension humaine et de partage que VULNERABLE sera en mesure d’accueillir, dans ce permanent souci de recherche exacerbée de la performance, qui est l’apanage du Team. Enfin, grâce à Advens, nous continuons à explorer énormément de champs d’interrogations jusqu’alors sans réponse concernant la gestion des datas générées par les capteurs du bateau, leur analyse et solutions pratiques qui en découlent. »

Une nouvelle ère pour TR Racing

TR Racing, l’écurie de course au large fondée par Thomas Ruyant et Alexandre Fayeulle, reconnue pour sa capacité à innover et sa détermination à repousser les limites de la performance maritime, recherche de nouveaux partenaires sur la période 2026 à 2029. Ce cycle comporte les compétitions les plus prestigieuses comme The Ocean Race, la Route du Rhum – Destination Guadeloupe et le Vendée Globe… 

La société Advens, partenaire principal de TR Racing depuis 2019, a décidé de passer le témoin tout en restant un soutien technologique fort (datas, performances) de l’audacieuse écurie de course au large lorientaise. 

Pour cette saison 2025, après une participation en juin à la Course des Caps Boulogne-sur-Mer Banque Populaire du Nord aux couleurs de VULNERABLE, TR Racing accueillera le skipper italien Ambrogio Beccaria pour The Ocean Race Europe et la Transat Café l’Or sous les couleurs de son partenaire MAPEI et à bord du voilier IMOCA actuel de Thomas Ruyant, plan Koch/Finot Conq lancé en 2023 qui prendra le nom de Allagrande Mapei.

Alexandre Fayeulle, co-fondateur de TR Racing, Président Fondateur d’Advens : « Le dernier Vendée Globe avec les deux voiliers IMOCA menés par Thomas Ruyant et Sam Goodchild, a été un formidable tremplin pour notre projet VULNERABLE. Opérer dans la société un changement de regard sur la vulnérabilité est la priorité d’Advens, sur laquelle nous souhaitons dorénavant nous concentrer. C’est pourquoi nous avons décidé de prendre du recul concernant notre sponsoring auprès de TR Racing et de Thomas Ruyant, laissant la place à de nouveaux partenaires de 2026 à 2029. Advens restera tout de même impliquée auprès de TR Racing en tant que partenaire technologique. De mon côté, je resterai fortement engagé auprès de la structure dirigée par Thomas Ruyant en tant qu’actionnaire et armateur d’un nouveau voilier qui sera dévoilé en 2026. »

Thomas Ruyant, co-fondateur de TR Racing, skipper : « Advens et Alexandre Fayeulle m’ont permis, ainsi qu’à TR Racing, de croitre et de devenir en quelques années une référence dans le milieu de la course au large, sportivement et techniquement. Nous avons vécu ensemble de superbes aventures et signé de nombreuses victoires comme ces deux Transat Jacques Vabre et la Route du Rhum. Je tiens à les remercier fortement et je sais que je pourrai dans les années qui viennent compter sur leur soutien. Nous recherchons donc dès maintenant des partenaires pour un programme « gagnant » allant de 2026 à 2029. En attendant, nous sommes ravis d’accueillir Ambrogio Beccaria et Mapei au sein de notre structure Lorientaise afin de participer ensemble, à bord de Allagrande Mapei, mon ex Vulnerable, à The Ocean race Europe et à la Transat Café l’Or. J’ai hâte de transmettre et de renaviguer après mon Vendée Globe. Nous serons toujours et avec un grand bonheur sous les couleurs de VULNERABLE lors de la course des Caps Boulogne sur Mer  Banque Populaire du Nord qui se tiendra dans ma région et celle d’Alexandre Fayeulle. TR Racing change de cap avec une grande motivation et l’ambition de continuer à remporter des compétitions de haut niveau. »

Ambrogio Beccaria : « Je suis heureux de rejoindre avec mon partenaire MAPEI l’écurie TR Racing pour 2025. J’ai hâte d’apprendre l’IMOCA aux côtés d’un des grands spécialistes de la classe en la personne de Thomas Ruyant et de bénéficier de l’apport de tous les experts de TR Racing. Nous allons nous présenter sur The Ocean Race Europe et la Transat Café l’Or avec de beaux atouts. A l’issue de cette saison, avec mon partenaire, nous volerons de nos propres ailes jusqu’au Vendée Globe 2028 tout en étant hébergé dans le nouveau bâtiment de TR Racing à Lorient. »

TR Racing et Advens en chiffres :

3 victoires majeures : 2 Transat Jacques Vabre Thomas Ruyant et Morgan Lagravière, 1 Route du Rhum avec Thomas Ruyant

12 podiums

5 causes boostées : la Fondation de la Mer, LinkedOut et le réseau Entourage, Team for the Planet, VULNERABLE

3 IMOCA : Advens 1, IMOCA VULNERABLE mené dernièrement par Sam Goodchild est en vente / Advens 2, actuellement VULNERABLE mené par Thomas Ruyant, passera sous les couleurs de MAPEI à partir de juillet et pour The Ocean Race Europe et la Transat Café l’Or avec Advens en partenaire technologique / Advens 3 est en cours de construction pour un programme 2026 et 2029. TR Racing est à la recherche de partenaires pour cette grande séquence

2 Vendée Globe : Thomas Ruyant sixième à bord de LinkedOut en 2020, Thomas Ruyant septième du dernier Vendée Globe à bord de VULNERABLE, Sam Goodchild neuvième à bord de VULNERABLE

1 record : Thomas Ruyant, recordman du record du Monde sur 24 heures en monocoque et en solitaire avec 539,94 milles parcourus en 2024, record battu depuis par Sébastien Simon

1 titre de champion du Monde IMOCA en 2023 avec Sam Goodchild

Programme sportif TR Racing

  • Course des Caps Boulogne sur Mer Banque Populaire du Nord à bord de VULNERABLE : départ le 29 juin 2025 à Boulogne-sur-Mer
  • The Ocean Race Europe à bord de MAPEI : départ le 10 août 2025 à Kiel puis Portsmouth, Cartagène, Nice, Gênes et Boka Bay Montenegro
  • Transat Café l’Or à bord de MAPEI : départ le 26 octobre 2025 du Havre en direction de Fort de France en Martinique

Thomas Ruyant

Il est surnommé le king des transats ! Il faut dire que le navigateur dunkerquois, né le 24 mai 1981 à Saint-Pol-sur-Mer en a gagné beaucoup : Mini-Transat 2009, Route du Rhum en Class 40 en 2010 et en IMOCA en 2022, Transat Jacques Vabre avec Morgan Lagravière en 2021 et 2023, Transat AG2R La Mondiale avec Adrien Hardy en 2018. Il a terminé dernièrement le Vendée Globe à la septième place alors qu’il avait bouclé son premier Tour du Monde en solitaire à la sixième place en 2020 et avait abandonné au large de la Nouvelle-Zélande en 2016. Recordman un temps du record du Monde sur 24 heures en monocoque et en solitaire avec 539,94 milles parcourus en 2024, Thomas est également un chef d’entreprise à la tête de l’écurie de course au large TR Racing qui a aligné les deux voiliers VULNERABLE sur le dernier Vendée Globe, qui dispose d’un magnifique nouveau bâtiment à Lorient et qui est particulièrement novatrice.

TR Racing

TR Racing, basée à Lorient, fondée par Thomas Ruyant et Alexandre Fayeulle, est une structure dédiée à la conception, la préparation, et la gestion de voiliers et de programme de course au large. Elle a assuré l’ensemble de la mise en œuvre du programme de Thomas Ruyant sur l’IMOCA LinkedOut pour le Vendée Globe 2020. Depuis avec le Dunkerquois, Sam Goodchild, Morgan Lagravière, elle a remporté la Transat Jacques Vabre 2021 et 2023, la Route du Rhum 2022, le Championnat IMOCA 2023 et les deux voiliers VULNERABLE ont bouclé respectivement leur Vendée Globe à la septième place pour Thomas Ruyant et la neuvième pour le britannique. TR Racing est une écurie leader de la course au large. A la pointe de l’innovation technologique, notamment grâce à son bureau d’étude, l’équipe est également très attachée à des valeurs sociétales fortes et s’engage à travers ses projets.

 

 

 

 

Thomas Ruyant et le Vendée Globe ; sans rancune !

Résultat, digéré. Frustration, évacuée. Près de deux mois après avoir posé le pied sur la terre ferme des Sables d’Olonne, après 76 jours seul en mer aux prises avec son troisième Vendée Globe, Thomas Ruyant dispose de toute la lucidité pour analyser et repenser sereinement et sans faux fuyant son tour du monde. Sa 7ème place ne rassasie pas, loin s’en faut, le compétiteur toujours avide de succès qui sommeille en lui. Thomas accepte pourtant le verdict avec une grâce que vient réchauffer l’examen des temps forts de cette circumnavigation expresse, la plus relevée jamais observée, qui aura projeté la performance à des niveaux jamais effleuré par le passé, dans la riche histoire de l’épreuve. Thomas peut, en toute objectivité, affirmer y avoir pris toute sa place, animant notamment et de belle manière le début de course. Il a identifié et analysé avec ses équipes ces moment de basculement de la course, croc en jambes météos ou ses propres insuffisances, mais aussi ces instants magiques, et ils furent nombreux, où l’homme et sa machine ont su trouver ce point de symbiose avec les éléments, qui laissent aujourd’hui au Nordiste de délicieux souvenirs de glisse, de performance et d’absolu contentement.

L’édition magistrale
Débriefer une course aussi longue, aussi dense, aussi riche qu’un Vendée Globe prend du temps. Thomas a débuté ce long processus avec ses équipes et avec Antoine Koch, l’architecte de son VULNERABLE. Unanimement, chacun au sein des équipes de TR Racing s’accorde à souligner le caractère exceptionnel du niveau de compétition atteint par tous les protagonistes du haut des classements, ainsi que la capacité des Imocas dernière génération à encaisser et à performer dans le temps et dans l’adversité. . « On a vécu un Vendée Globe d’exception » souligne Thomas, « Et on a navigué à un niveau de performance jamais atteint. L’intensité de la course, y compris dans le Sud, a été phénoménale et je suis fier d’avoir été de ce combat. On a su jouer aux avant-postes et la décision s’est faite sur des choix de marins, face à de complexes péripéties météos. Avec un tel niveau d’engagement et de performances, les petites erreurs ne se rattrapent pas. »

Choix assumés, et tronçons magiques…
« Tout se joue pour moi dès l’entrée dans l’Indien avec cette grosse dépression que Charlie (Dalin)  et Seb (Simon) vont parvenir à traverser. J’arrive  une trentaine de milles trop tard et ce petit décalage me contraint à faire ce choix de route au Nord que je ne peux pas regretter, car c’était le bon choix d’un homme de mer. Ces 30 milles se transformeront en 500 milles de retard. Et contrairement à l’édition 2020, dans cet opus 2024 du Vendée Globe, ça partait toujours par devant, et cela ne revenait jamais par l’arrière. Je suis heureux pourtant de ma trajectoire dans le Pacifique où je parviens à semer des garçons aussi redoutables que Jérémie (Beyou) ou Nico (Lunven). Avec la descente de l’Atlantique Sud, cela a été le tronçon magique de mon Vendée Globe. Je crois qu’à ce moment de la course, j’avais fait le deuil du podium, et le bateau m’a alors offert mes plus beaux moments de navigation, toujours en pleine sécurité et dans un confort certes relatif, mais qui permettait sans trop souffrir d’atteindre et de demeurer à des vitesses très élevées dans la durée. »

Un voilier à la hauteur!
« Et c’est ce qui m’amène à considérer aussi la part de succès dans notre course. Le bateau a répondu largement à nos attentes, et son niveau de préparation était incroyable. Je remercie mes équipes, et cela va aussi aux préparateurs du bateau de Sam (Goodchild), qui termine lui aussi dans un état d’intégrité étonnant. Mis à part nos soucis de voile (J-2 pour moi et GV pour Sam), nos bateaux ne nous ont jamais trahi.  Mes deux précédents Vendée Globe avaient été marqués par des luttes incessantes contre la casse et les avaries. Cette fois-ci, jamais je n’ai été dépassé par ma machine, y compris lors de ces folles journées à plus de 600 milles. Je crois que je n’ai jamais été aussi à l’aise à ces hautes vitesses et dans la durée. J’ai pu creuser des écarts dans le Pacifique dans des conditions très dures, sur des mers très formées et dans le vent fort. On est parvenu à une maitrise et à une compréhension de nos grands foilers qui permet de tenir dans la durée des navigations sur le fil à très haute intensité. Je sais que je maitrise cet exercice. Ma course a basculé très tôt dès l’Indien, mais je me sens plus que jamais au niveau et à la hauteur de ces machines de l’extrême. Je vois mes petites erreurs, je discerne clairement les différentes phases de la course, en tête à l’équateur, cette descente vertigineuse de l’Atlantique, cet Indien piégeux où tout se joue, et se perd, ce beau Pacifique en maitrise, rapide et mouvementé, et cet Atlantique Sud infernal, où je perds mon J-2 et toute chance de défendre mes chances et de rentabiliser mes efforts d’avant le Horn. Mon capital confiance en ces foilers en ressort décuplé, et je connais ma capacité à animer cette Classe Imoca dans les années à venir. »

Aere perennius !

Il l’a fait ! Le skipper Britannique de VULNERABLE Sam Goodchild, bizut de ce 10ème Vendée Globe, est parvenu à ramener à bon port, et à une très honorable 9ème place son plan Verdier dont la grand voile s’était déchirée en deux voici 5 jours. Il est devancé d’une petite demi-heure par l’autre « foreigner » et « first timer » de ce Vendée Globe, la Suissesse Justine Mettraux. Difficile de dégager, au sortir de 76 jours d’un Vendée Globe riche en contrastes et en rebondissements, les atours les plus marquants de l’autre skipper, au côté de Thomas Ruyant, du Team TR Racing porteur de cette nouvelle manière d’aborder la vulnérabilité. Le plus Breton des Britanniques semble en effet s’être révélé sous grand nombre de jours, sportifs, marins, humains, communicant, aux observateurs et au grand public. 

Le battant débonnaire

En capacité de jouer en permanence les premiers rôles, souvent pointé en tête, Sam clôt sa première expérience seul autour du monde par un épisode herculéen, réparant seul et sur un pont balayé par la tempête, sa grand voile totalement déchirée. Aere perennius aurait dit Horace, plus dur que l’airain ! Illuminé de son inséparable sourire communicatif, Sam aura traversé toutes les épreuves sportives, techniques et tactiques avec un impressionnant sentiment de confiance absolue, de certitudes en ses choix, et de maitrise en sa machine et en ses trajectoires. Jamais le plus rapide, jamais le plus lent, mais toujours le plus efficace dans ses choix de route. Parti sans objectifs clairement définis, autres que de ramener son bateau aux Sables d’Olonne, Sam, sous des allures apparemment désinvoltes, s’est révélé un compétiteur acharné, un accro à la performance incapable de se contenter de demi mesure et d’à peu près. A 35 ans seulement, ce marin éclectique qui a déjà brillé sur tous les supports, s’affiche comme la figure montante de la Classe IMOCA.

24 fois en tête

Il n’est pas le premier bizut, il n’est pas le premier étranger de ce Vendée Globe, mais il en est assurément l’une des plus belle découverte. Il s’est rapidement révélé dès les premiers milles, annonçant dès l’Atlantique la couleur de l’efficacité à toutes les allures, concentré, humble, modeste en diable, avec ce lumineux sourire en toute occasion. Appliqué, déjà inspiré, il pointait vite aux avant postes dès la descente de l’Atlantique, occupant à 24 reprises, lors des pointages journaliers, la tête du peloton (Soit le troisième au nombre de pointages en tête derrière Dalin et Richomme…). Et alors qu’une impitoyable sélection s’opérait au sein de la flotte des 40 solitaires en lice, Sam installait sa routine, précis dans ses trajectoires, efficace en toutes circonstances. Son flegme prenait avec chaque mille un peu plus de pétillant, de lumière. Sam est heureux en mer, au très grand large, et avec l’éloignement de toute terre, semblait prendre de plus en plus de plaisir à ces navigations de l’extrême, au coeur du très grand sud, aux confins des solitudes antarctiques. Il abordait chaque épreuve, chaque croc en jambe de la météo et des éléments, chaque fait de course comme le nouvel épisode d’un feuilleton à vivre, à écrire, à explorer, à respirer. « Je ne savais pas dans quoi je m’embarquais, mais au final, je me suis bien amusé. » lâche -t’il tout à la joie de retrouver ses proches devant un large public Sablais. « Je n’avais pour réel objectif que de boucler la boucle, et accessoirement, me faire plaisir. C’est un succès, je suis là, et je me suis beaucoup amusé. » Mais alors, cette grand voile déchirée, et cette course qui bascule brutalement et à moins d’une semaine de l’arrivée dans un épisode de survie ? « C’est vrai que j’ai mis le mode compétition entre parenthèse à 1 200 milles de l’arrivée. J’ai refusé de me prendre la tête, tout comme je me suis interdit tout au long de la course, dans les moments difficiles, de me plaindre. Faire cette course est un privilège, un rêve que je caresse depuis que j’ai 10 ans. J’étais à la bagarre avec Jérémie Beyou qui, il y a 20 ans, était pour moi un demi dieu ! Ce Vendée Globe, c’est une chance qui m’a été offerte, grâce à Advens et au Team TR Racing. J’en ai dégusté les moindres parcelles.« 

L’ombre d’un rêve

Aucun Vendée Globe ne ressemble à un autre. Du vainqueur au dernier, de Titouan Lamazou à Charlie Dalin, ce tour du monde de tous les extrêmes raconte autant de tranches de vie et d’aventures dissemblables d’un skipper à l’autre, et toutes d’une infinie richesse technologique, humaine, voire philosophique. Pour son troisième tour du monde, le Nordiste Thomas Ruyant a une nouvelle fois, dans l’effort, dans la persévérance, et avec conviction, encore écrit une belle histoire, un roman au scénario par lui-même inenvisageable, improbable et déroutant. L’aventure, le combat physique et mental, la découverte, la quête incessante de la perfection nautique n’ont pas pris le visage qu’il s’était depuis si longtemps entraîné à ciseler. Ainsi va cet ultime challenge dans la vie d’un coureur au large, quand rien ne se déroule comme prévu et dont le marin groggy émerge souvent transfiguré par le fracas de ses rêves bouleversés. Il rêvait de victoire. Il termine à la 7ème place d’une édition historique, relevée comme jamais, dans laquelle il a pris toute sa part, de performances et d’émotions.

Je rate le coche…

Thomas Ruyant à bord de VULNERABLE, plan Koch-Finot Conq lancé en 2023, en a terminé ce matin à 05h49 avec son 3ème Vendée Globe. Le marin de 43 ans cueille les lauriers de la 7ème place, au terme de 75 jours, 16 heures et 47 minutes d’une course d’une rare intensité, engagée comme aucune des 9 précédentes éditions. Thomas aura su jusqu’à l’entrée dans l’Océan Indien, tenir ce rang de grand favori que nombre d’observateurs lui reconnaissaient au départ du 10 novembre dernier. Premier à franchir l’équateur, 2ème à Bonne Espérance, il n’aura pas su, ou pu, prendre le wagon décisif à l’orée de l’Océan Indien, qui décidera de l’issue de l’épreuve en permettant aux trois lauréats du podium de s’échapper. « Je rate le coche pour une quarantaine de milles » reconnait-il en refusant tout sentiment d’amertume. « J’ai fait mes choix en homme de mer, en considérant à un instant « T » les risques et les dangers du moment. Je les assume. » A l’aise dans les mers du sud, confiant en son extraordinaire machine taillée pour voler sur ces grosses mers formées, il parvient une première fois dans le Pacifique à creuser un écart conséquent en tête du groupe de poursuite. « Ce fut comme un nouveau départ pour moi, loin derrière les premiers mais au contact d’un  groupe sérieusement énervé, où évoluaient Jérémie Beyou, Paul Meilhat, Boris Herrmann, Nicolas Lunven, Sam Goodchild… Je croyais avoir fait le nécessaire pour m’offrir une remontée de l’Atlantique plus sereine ». 4ème à Leeuwin, il franchit le cap Horn bien calé à cette 4ème place le 27 décembre, après 47 jours et 5 heures seulement d’un incessant combat. L’Atlantique, si favorable à l’aller, avec des records de vitesse par 24 heures battus à plusieurs reprises et de nombreuses journées à plus de 550 milles avalés à des vitesses proprement phénoménales, lui tourne brutalement le dos. « Pour la deuxième fois, je me fais reprendre, bloqué par la météo. Puis survient la perte de mon J2, cette voile d’avant impérative, dont l’absence me fait de nouveau rater le bon wagon dans l’immense dorsale anticyclonique du Cap Frio. Je comprends alors ce qui m’attends, comme en 2020 avec la perte de mon foil. La terrible réalité du handicap me percute de plein fouet. Je sais que je ne joue alors plus dans la même cour que mes adversaires, et que la suite du parcours ne sera plus qu’une pénible histoire de compromis. »

Des émotions uniques

Thomas le guerrier fera dès lors étalage de son talent et de sa résilience, capable de trouver d’inédites combinaisons de voiles pour parvenir, au-delà de l’équateur, dans un alizé peu favorable à son plan de voilure inadapté, à entrer dans les régimes perturbés d’Atlantique Nord, sur une mer démontée et dans le vent tempétueux. « Cette course est une infinie succession de moments forts, d’émotions humaines et sportives uniques, qu’aucune autre course ne procure. » Le Vendée Globe se refuse ainsi au vainqueur des trois dernières transats majeures du circuit IMOCA. « Et pourtant, je ne parviens pas à le détester » avoue Thomas. « Cette course me rend fier, fier de l’avoir terminée, fier d’avoir été de cette édition extraordinaire. Tous les marins que me précèdent sont d’exceptionnels coureurs révélés, formés par la Solitaire du Figaro. Ils ont tiré cette course vers le haut, vers des sommets rarement atteints. J’avais la machine que je voulais pour relever ce défi. Elle ne m’a pas trahi, grâce au travail en amont des équipes de TR Racing et de mon partenaire Advens. Porter les couleurs de la vulnérabilité, avec mon camarade d’écurie Sam Goodchild, lui aussi grande révélation de ce Vendée Globe, et participer à l’avènement d’une nouvelle cause sociétale, la reconnaissance du poids et de la richesse de la vulnérabilité dans nos sociétés et pour notre planète, a été un moteur fort, constant durant la course et je suis heureux que le Vendée Globe ait ainsi, par sa notoriété et sa résonance, permis d’avancer sur cette prise de conscience positive de nos vulnérabilités. »

Alexandre Fayeulle, Président Advens Cybersécurité : « Une question de curseur ! »

Entrepreneur visionnaire, profondément humaniste, Alexandre Fayeulle révolutionnait en 2020 le sponsoring sportif en offrant à une association, LinkedOut, le nom de son tout nouvel Imoca, construit pour Thomas Ruyant dans l’optique du Vendée Globe 2020. Trois ans plus tard, il poussait un peu plus loin encore sa vision de l’utilisation du sport et de la course au large en particulier, pour transformer la société en créant une écurie de course au large à deux bateaux, portant tous le seul et même nom d’une grande campagne de sensibilisation et de transformation, appelée VULNERABLE.  Son objectif, contribuer à faire émerger un nouveau projet de société, qui place l’humain et le vivant au centre de tout, avec un credo tout droit inspiré du coeur de métier de ce leader de la cybersécurité à travers sa société Advens, « hacker » le logiciel de la société de la performance, qui épuise les individus, nos sociétés et la planète. Boulonnais bon teint, terrien viscéral, Alexandre a très vite, au contact de Thomas Ruyant, appris à déchiffrer le langage de la navigation hauturière. La passion faisant le reste, il jette un éclairage pertinent sur les 40 jours de course écoulés dans ce Vendée Globe de tous les superlatifs.

« Quelle intensité ! »

« Je suis très impressionné par le rythme, l’intensité de ce Vendée Globe. Je suis aussi très surpris de l’incroyable résistance des hommes et du matériel dans de telles conditions. C’est là à mon sens la clé de la seconde moitié du tour du monde, jusqu’à quel point les bateaux et les skippers vont pouvoir résister à cette cadence infernale et tenir la distance.
Quelle est la capacité des hommes et des machines à tenir encore un demi-tour du monde avec cette intensité ? On saura à l’arrivée qui a placé le curseur du compromis performance/préservation à la bonne hauteur. Les leaders n’ont-ils pas trop entamé leurs ressources, et de quelles réserves disposent-ils encore ? »

Le temps long…

« Le classement actuel est tout à fait logique et récompense ceux qui ont pris le plus de risques et mis le plus d’engagement. Sam et Thomas s’inscrivent parmi les plus prudents. Ils ont joué les premiers rôles jusqu’à l’Equateur. Ils s’inscrivent depuis dans la durée, et dans une logique de préservation. Qui aura eu raison à la fin ? Qui aura su placer le curseur au bon niveau ? Tout ce que l’on sait aujourd’hui, c’est que les 2 skippers VULNERABLE sont en forme et leurs bateaux à 100% de leur potentiel. Même si le classement actuel est plutôt déceptif, j’apprécie leur sagesse, et leur capacité à accepter des événements défavorables. Thomas a gagné en maturité et assume ce choix de la prudence et du temps long. La seconde moitié de ce Vendée Globe est la plus difficile. Je suis convaincu que la fraicheur des hommes et l’intégrité préservée des bateaux seront des facteurs décisifs pour le sprint final en Atlantique. »

Prendre conscience de sa vulnérabilité.

« Ce Vendée Globe est la parfaite illustration des messages que nous souhaitons partager à travers notre campagne pour la prise de conscience de nos vulnérabilités.  Le culte de la performance à tout prix, en sport comme dans l’entreprise, a ses limites et mène à l’épuisement des individus, de nos sociétés et de la planète. Pour durer, il faut savoir préserver ses ressources et accepter ses limites, ainsi que le font Sam et Thomas, et on verra à l’arrivée si cette attitude aura payé sur cette course. Ménager sa monture paie à long terme. Je souhaite à Thomas et à Sam d’en faire la démonstration »

La campagne VULNERABLE

« L’accueil de la campagne par le grand public est exceptionnel depuis son lancement aux Sables d’Olonne. Notre stand y a accueilli entre 80 000 et 100 0000 visiteurs. Nous avions 1 000 supporters le long du chenal et 10 000 personnes se sont déjà abonnées sur notre site vulnerable.org. Par ailleurs, alors que nous démarrons seulement le volet professionnel du projet, déjà 500 entreprises ou organisations professionnelles nous ont rejoint. »

Thomas Ruyant : « J’entre dans un temps long. »

RACE, NOVEMBER 27, 2024 : Photo sent from the boat VULNERABLE skipper Thomas Ruyant (FRA) during the Vendee Globe sailing race on November 27, 2024. (Photo by skipper Thomas Ruyant)

Il fallait aller vite ! Poussés par l’impérieuse nécessité de demeurer le plus longtemps possible en bordure d’une dépression accrochée au large du Brésil, les Imocas à grand foils des dernières générations ont dévoré l’Atlantique Sud, en alignant d’ébouriffantes journées à 550 milles et plus. L’émulation entre des skippers tous biberonnés à la culture de la performance et de la gagne aura fait le reste. Aux côtés du leader Charlie Dalin (Macif-Santé Prévoyance), Thomas Ruyant (VULNERABLE), mais aussi Yohan Richomme (Arkea Paprec) et Sébastien Simon (Groupe Dubreuil), sans négliger Jérémie Beyou (Charal) et Nicolas Lunven (Holcim PRB), tricotent avec précision leur entrée dans l’Océan Indien, en profitant à coups d’empannages d’un étroit couloir de vent, avant de plonger plus au Sud en bordure de la Zone d’Exclusion Antarctique où sévissent les flux perturbés d’Ouest.

Changement de décor, de températures, de reliefs maritimes et de couvertures célestes pour les solitaires hier encore accablés de chaleur et qui retrouvent ces dernières heures avec plaisir leurs vêtements polaires. La régate planétaire se poursuit pour les leaders heureux de changer de bord et qui envisagent avec satisfaction la perspective de tracer dès ce week-end et toute la semaine prochaine un bord rectiligne et efficace tribord amure en direction de l’Est, via une latitude plus hurlante du côté des 50 degrés de latitude Sud. Comme l’indique joliment Thomas Ruyant ce matin, le temps se fait plus long, la solitude plus palpable, et la réalité du Vendée Globe, construite sur le sport et l’aventure, s’incruste davantage encore dans le quotidien des marins, plus confrontés que jamais à leur vulnérabilité.

 

Morceaux choisis des réflexions de Thomas au 19ème jour de course :

Nouvelle ambiance !

« C’est une nouvelle ambiance depuis hier et la fin de notre long et délirant bord bâbord. Le jour se lève très tôt, vers 4 heures. Le vent est très « rafaleux » et oscille entre 17 et 20 noeuds. La mer est formée mais facile. Le bateau passe sans forcer. »

 

Vite et en tribord dans l’Indien.

« On sort d’une semaine de folie, mais cela ne s’arrête pas brutalement. On a quelques empannages à faire mais on va continuer de glisser vite, en tribord amure cette fois dans l’Indien. Il faut rester dans cette petite veine de vent pour passer sous Bonne Espérance. »

 

Un Atlantique Sud de folie.

« Ces 5 jours en Atlantique Sud resteront dans ma mémoire. Je n’étais jamais allé aussi vite, aussi longtemps. On était sur un genre de reaching rapide, pas ou peu de vmg. Il fallait être dessus en permanence, à l’attaque pour profiter de cette dépression et de ce vent de Nord Ouest. On voit aujourd’hui, avec cette transition sous l’Afrique, que ça valait la peine de s’arracher. On a créé une cassure dans la flotte, et on va pouvoir garder du vent pour entrer dans l’Indien. »

 

615 milles en 24 heures !

« Seb Simon a été impressionnant ! Je ne crois pas que son record (615 milles) puisse être battu de sitôt. Je suis heureux des moyennes que nous avons tenues. C’était superbe. »

 

Rythme de vie.

« Je tiens un bon rythme, de vitesse mais aussi de vie, de sommeil et d’alimentation. Je vérifie régulièrement le bateau, et j’effectue les petites réparations immédiatement. »

 

Les 40èmes…

« On est déjà par 40° de latitude Sud, les 40èmes pas très rugissants. Ce n’est pas encore l’ambiance particulière du Grand Sud, mais on sent que la mer commence à se former. Mais notre folle cavalcade de la semaine nous a habitué à cette houle. Beaucoup d’oiseaux mais je n’ai pas encore vu d’albatros. »

 

Voir Crozet !

« On aborde l’océan Indien dans un vent de Nord Ouest assez soutenu. Il y aura un empannage à faire pour plonger vers la zone des glaces en tribord amure quand le vent passera Sud Ouest. On devrait passer près des îles Crozet, qui font partie des Terres Australes et Antarctiques Françaises, par 45 ° Sud. « 

 

La guerre des carènes !

« Cette régate est planétaire. Le niveau est incroyable. Je suis heureux d’être dans ce bon paquet de tête. J’observe les classements, les performances et positions des uns et des autres. Les carènes signées Verdier étaient très à leur aise sur une mer relativement plate, sur une navigation plus lofée. Les plans Koch Finot-Conq, Paprec-Arkea et mon VULNERABLE devraient mieux s’exprimer dans une mer plus formée, car on s’arrête moins dans les vagues, avec une navigation qui privilégiera le vmg. Les plans « Verdier » ont des formes de coques tendues et puissantes contrairement aux plans « Koch », plus ronds et bananés pour améliorer le confort à bord et le passage dans la mer. Si je dois faire des différences, ce sera dans l’Indien. »

 

Solitude !

« J’entre en solitude, un sentiment assez bizarre, qui me plait bien. J’entre dans un temps long. Je sens que je suis parti pour un grand voyage. »

 

A noter :

La VMG « Velocity Made Good » correspond à une donnée entre la vitesse du bateau et l’angle de CAP. La VMG fait référence à l’optimisation entre la vitesse d’un voilier variable suivant la direction du vent et la distance à parcourir. On parle aussi de compromis cap/vitesse.

 

Des Sables-d’Olonne au cap de Bonne-Espérance : Alex Thomson avait mis 17 jours 22 heures et 58 minutes lors de l’édition 2016-2017

 

Le tour du monde commence aujourd’hui.

RACE, NOVEMBER 26, 2024 : Photo sent from the boat VULNERABLE SG during the Vendee Globe sailing race on November 26, 2024. (Photo by skipper Sam Goodchild)

Heureux qui comme Goodchild profite d’un beau voyage. Le skipper Britannique de VULNERABLE respire, inspire avec chaque mille avalé le bonheur, la plénitude d’être en mer et d’évoluer, après plus de 6 000 milles de course (déjà !), dans le bon wagon des leaders. Pointé depuis le départ à 24 reprises en tête de son premier Vendée Globe, le bizut a quelque peu rétrogradé durant ces derniers jours de folie expérimentés par les foilers en travers de l’Atlantique Sud. Son plan Verdier de 2019, moins taillé pour ces longs runs de vitesse pure, au portant et sur mer parfaitement carrossable, pointe néanmoins en une très honorable 7ème place, en capacité d’exploiter les vicissitudes du Grand Sud à son profit, dès que l’occasion se présentera. Le cap de Bonne Espérance, marqueur du Vendée Globe, et qui précède en son Est, au niveau du cap des Aiguilles, l’entrée dans l’Océan Indien, fait basculer les solitaires dans un autre imaginaire, exaltant et sombre, que Sam aborde avec une distanciation, un recul, un flegme tout Britannique, en quête perpétuel de l’osmose parfaite avec son bateau et l’océan. Alors que s’avance une délicate transition à négocier au millimètre entre la dépression Brésilienne « coupable » des allures vertigineuses de la semaine, et en voie d’affaissement en Atlantique Sud, et l’arrivée de flux d’Ouest soutenus en bordure de la Zone d’Exclusion Antarctique, Sam dresse un bilan tout en mesure d’un premier quart de course parfaitement maitrisé.

 

Es-tu satisfait de ta place compte tenu des performances des bateaux récents qui t’entourent?

« Je suis satisfait de ma place (7ème à l’heure où nous écrivons ces lignes. ndlr) Je suis assez fier de moi, de pouvoir faire cette régate sans me prendre la tête. Les adversaires, les classements, je les regarde sans me poser trop de questions. Il y a des choses frustrantes et des choses positives. Je m‘occupe de ma régate et de faire les choses proprement. On vient de passer la barre des 25% du parcours déjà effectués. On a passé la longitude de l’arrivée du Vendée Globe. Le vrai tour du monde commence aujourd’hui. »

 

As-tu le sentiment d’avoir limité les dégâts face aux foilers plus récents?

« Oui. J’ai un peu limité les dégâts. J’aurai pu aller un peu plus vite mais je voulais préserver le bateau. J’aurai pu faire un choix de voiles différents, changer de voiles à certains moments… mais globalement, je n’ai pas fait les choses trop mal. »

 

La suite semble compliquée. As tu une vision claire de ta route?

« Je n’ai pas de vision très claire sur les prochaines 24 heures. Sur l’Indien, les fichiers ne s’accordent pas et les choix de routage sont différents. Je dois regarder ce qui est le mieux pour le bateau, en ayant une analyse très globale sur la situation. Je ne suis pas en mesure de définir une stratégie claire à moyen terme. A court terme, il faut faire du Sud Est pour attraper les nouveaux flux d’Ouest. »

 

Le Cap de Bonne Espérance est-il un marqueur important dans ce Vendée Globe? que représente t’il pour toi?

« C’est un  marqueur important, comme l’équateur, puis les Kerguelen, Leeuwin, le Pacifique, Nemo etc… Mais Bonne Espérance marque l’entrée dans les mers du Sud. On en parle beaucoup mais c’est en réalité le cap des Aiguilles qui signale l’entrée dans l’Indien. »

 

Vois-tu dans les prochains jours possibilité de te rapprocher des premiers?

« Je ne regarde pas la route ni la météo des premiers. Ils vont me distancer tout comme je vais distancer les coureurs qui me suivent. Je ne sais pas si ça va ralentir devant et si je vais pouvoir revenir sur eux. Je suis totalement focalisé sur ma course, et j’essaie de bien faire les choses pour moi et mon bateau. Tant mieux si je peux me rapprocher. »

 

Que penses tu de la performance* de Sébastien Simon?

« Il est impressionnant! Très très fort! On a fait 646,60 milles l’an passé en équipage sur un Imoca similaire, Holcim-PRB lors de The Ocean Race. J’ai du mal à comprendre comment il a fait en solo. Certes, il y avait peu de mer mais ce n’était pas tout lisse non plus. Chapeau à lui et j’espère qu’il n’a pas cassé sa machine. »

*615,33 milles (soit 1 139,6 kilomètres)

 

Cette traversée de l’Atlantique Sud a été idéale en vitesse et en trajectoire. Qu’en penses-tu?

« On ne peut pas rêver mieux en efficacité. Tout droit depuis Itajai !  Le changement entre la première et la deuxième semaine a été radical. On enquille les milles et on avance bien. »

 

As-tu pu effectuer une vérification du bateau?

« J’ai fait un peu de vérifications mais avec cette vitesse, il est difficile d’inspecter l’avant du bateau en détail. Il y a deux ou trois trucs qu’il faudra que je règle quand il y aura moins de vent, ce soir peut-être. »

 

Dans quel état d’esprit vas-tu entrer dans l’océan Indien?

« Je vais essayer de continuer comme je fais depuis le début. Tout se passe bien physiquement et moralement. Je ne fais pas la croisière mais je ne me prends pas la tête quand les autres vont plus vite. C’est la bonne méthode pour moi. Rester en phase avec mon bateau et les éléments. »

 

La zone des glaces rabaissée. Une bonne chose?

« Cela ouvre le terrain de jeu. C’est bien. On aime aller le plus Sud dans cet endroit du monde. Le début de l’Indien ne nous oblige pas à y aller mais j’aime bien avoir de la place pour évoluer au Sud. »

 

Les températures fraichissent-t’elles?

« Après le passage sous une ligne de nuages hier, la température a chuté. Il n’y a plus que 20 degrés dans le bateau, contre 36 un peu plus tôt. On commence à mettre des vêtements chauds pour les manoeuvres sur le pont. »

Je suis un bizut des mers du Sud !

Thomas Ruyant a retrouvé son bateau, son équipe, son public et ses supporters aux Sables d’Olonne, après une belle coupure familiale, loin des pontons et des foules passionnées. Il repousse d’heure en heure la montée du stress, des premières interrogations du départ d’une course hors norme dont il a patiemment, savamment, ordonné, organisé et structuré les moindres aspects. Le Nordiste est bien là où il voulait être, après ses deux riches expériences de 2016 et 2020, fier du projet monté avec son partenaire Advens, ses équipiers, ses techniciens, heureux de son bateau et de ces perspectives de régates planétaires au plus haut niveau, pour lesquelles il s’est si minutieusement préparé. Pourtant pas au point de revendiquer le moindre statut de favori. C’est au jour le jour, mille par mille qu’il écrira son Vendée Globe, oublieux de ses déboires passés, assoiffé d’aventures, humble devant la tâche. « Je suis un bizut des mers du Sud! »

« J’ai Vendée Globe ce week-end ! »

« Je suis dans l’état d’esprit que je cherchais. J’ai bien anticipé les choses, pour revenir aux Sables lundi dernier l’esprit libéré. J’ai coupé pendant 8 jours, avec mes enfants, sans penser Vendée Globe. J’ai bien dormi, bien mangé, fait du sport. Je ne ressens pas encore la pression. Je sais que la marée Nordiste de mes supporters arrive*. Ce sont des moments de partage important. Mais je suis pressé de partir. Je n’ai ni stress ni angoisse. On a navigué lundi avec le bateau et toute l’équipe. Un super moment. Je suis heureux de voir l’équipe fonctionner dans une belle ambiance, très efficace. Je suis heureux de faire ce chemin avec cette équipe-là. Je mesure le chemin parcouru. Je ressens de la fierté. J’ai le bateau que je voulais. Je le connais bien. C’est un super bateau de Vendée Globe. Je ne ressens pas du tout ce que j’ai vécu en 2016 et 2020. On découvrait alors les grands foilers en 2020. Aujourd’hui, je suis serein et à l’aise. Je sais ce qui m’attends. On fait de moi un habitué du Vendée. Or, ce n’est que mon troisième départ. Donc je vais tout redécouvrir et découvrir, des scenarii différents, des adversaires différents. D’autres on fait The Ocean race, des tours en Ultime.
Ma maturité vient d’une certaine maitrise de ces machines à grands foils.  On a été parmi les premiers avec ces grands foils. J’aime aller vite avec ces bateaux. J’y suis habitué. Grâce à tous les marins qui sont passés à bord, Antoine Koch, Morgan Lagravière, Sam… J’ai une meilleure connaissance de la technique. Nos bateaux sont complexes, rien n’est acquis.»

Le match va être dingue !

« 40 bateaux, c’est beaucoup. Il y a une quinzaine de grands marins capables de jouer aux avant-postes et on oublie probablement de sérieux outsiders. Toutes les équipes ont progressé et il y a un bel alignement des compétences. Il me faudra les observer de près car cela fait partie de la bagarre sur l’eau. On ne parle pas de marquage mais il faudra garder un oeil sur les vitesses, les comportements, voir qui est en forme, qui est à l’attaque. Si les analyses météos sont similaires, on a des bateaux qui peuvent optionner à quelques degrés près. Nos bateaux ouvrent le jeu avec leurs combinaisons de voiles singulières, leur formes particulières. La flotte sera groupée durant les 3 premières semaines, mais il y a un tel niveau que les écarts se feront sur de petits décalages.
Avec ce Vendée Globe, on n’est pas loin du challenge ultime, sur un truc hors norme. Je pars serein, sans m’interroger sur l’avenir. Totalement concentré sur mon Vendée. On a mis beaucoup d’énergie pour parvenir à cet état. Je suis fier de ce que l’on a fait. »

Morceau par morceau

« La météo du départ n’est pas encore établie. Cela change encore beaucoup. Je veux profiter de ce public, des amis, de la famille. Je veux offrir un beau spectacle. On devrait avoir du portant assez vite, jusqu’à l’équateur. Attention à ne pas prendre trop de retard si le départ est vraiment très mou.
Une Transat est un sprint, mais sur ce parcours, entrer dans les mers du sud placé est important, car cela peut partir par devant!  En Atlantique Nord, on n’est pas encore dans le dur du Vendée et cela peut partir vite. Une bonne descente de l’Atlantique est importante. Une fois dans le train des dépressions du Sud, d’énormes écarts peuvent se créer.
J’essaie de ne pas regarder trop loin. Réguler mon bateau dans la seconde, dans l’instant présent est jouissif. On se donne des objectifs à court, moyen et long terme. Je ne me projette pas sur l’arrivée, mais sur les premiers temps forts, Finisterre, Alizé, pot au noir… morceau par morceau. »

La clé de mon Vendée

« Chaque Vendée Globe est différent. Chaque histoire est différente. La météo et les concurrents construiront le scenario. L’arrivée dans le Grand Sud te change, dans ta façon de naviguer, de vivre. On sent l’onde, la longue houle qui vient de loin! Ca pousse fort. Là, tu comprends que tu as changé de planète. Et pourtant, il faudra toujours continuer le sport, la régate, la compétition! C’est cela qui me motive, me donne envie, aller vite, en sécurité, pied au plancher, sur un bateau solide et éprouvé. Mais j’ai surtout envie de préserver le beau travail qui a été fait sur le bateau. Il faudra savoir le protéger, lever le pied par moment. Trouver ces compromis sera la clé de mon Vendée. »

*900 supporters assisteront au départ dimanche !

Sam Goodchild: The Vendée Globe – it’s scary and exciting all at the same time

The British solo sailor Sam Goodchild is not one to get carried away in the heat of the moment, but even he can’t hide his excitement as he edges ever closer to his first participation in the Vendée Globe solo round-the-world race.

Now just a few days from the start from Les Sables D’Olonne on November 10th, Goodchild, who races alongside Frenchman Thomas Ruyant in the Lorient-based TR Racing team, has been spending a few days back at home after delivering his boat to the race village.

“I’m excited and aware of how lucky I am to be here and trying to savour the moment a bit,” said the 34-year-old Englishman who lives with his French wife and two children in Lorient. “The Vendée Globe is something I first wanted to do pretty much 20 years ago and now we are here at last  – so yeah, it’s scary and exciting all at the same time.”

The skipper of VULNERABLE, the battle-hardened 2019 Guillaume Verdier-designed foiler formerly named LinkedOut, said arriving into Les Sables d’Olonne and taking the boat up the famous canal to the race village was surprisingly routine. But then he got to the dockside in the Port Olona marina and it began to dawn on him that the Vendée Globe was starting to become a reality.

“It didn’t really hit me until we were on the dock and there were all the flags and the other boats and the activity amongst the shore crews and people asking you about how excited you are. Then you start thinking about it and I guess it’s quite a big deal, isn’t it ?” he reflected.

After spending a week at the home of the greatest solo race of them all “soaking up the atmosphere,” it was time to get back to the family for the last time before the final build-up to the race start. Goodchild has been “chilling out,” taking care of last minute personal items – like popping out to buy toothbrushes and two tubes of toothpaste – and checking in regularly with his boat captain Robin Salmon to make sure everything is just as he wants it.

He admits that along with the excitement there are some pre-start nerves as the start of his first solo round-the-world race draws ever closer. “It’s going into the unknown and spending time on my own I guess, so you never know how things are going to turn out and there is definitely a bit of apprehension there,” he said.

The sailor who produced a stunning first season in the IMOCA class last year to win the IMOCA Globe Championship, is regarded by many as a potential winner of this race at the first time of asking even though his boat is not of the latest generation. That is a reflection of Goodchild’s competitiveness and experience, his excellent temperament for solo offshore racing and his boat’s long record of success in single and double-handed racing.

Taken together it’s turned him into the “great outsider” in the 40-strong field, but Goodchild himself is not thinking along those lines, as he made quite clear. “Honestly, I don’t really spend much time thinking about it at all,” he said. “I am focused on trying to put myself in the best position to comlete finish the race. I’m not even thinking about a podium or a top-10. I am just thinking about the choices we have made on the boat and what we can put in place to increase my chances of finishing.”

Goodchild and Ruyant are in a unique position in the IMOCA fleet in the way they have benefited from being part of one team with two skippers and two boats in the build-up to this race. Both boats carry the same name in VULNERABLE, as part of a mission by Alexandre Fayeulle, chairman of the team’s founding partner, the cyber security leader Advens, to tackle the causes of environmental and social crisis in modern society. And, as Goodchild points out, this has been a hugely positive structure.

“It’s definitely unique to be preparing a Vendée Globe with two boats in the same team. And it’s been a very healthy and very constructive relationship which was the aim from the start, so that’s great,” he explained. “The goal was to have two boats in the best condition possible at the start. I think we’ve done a good job of helping each other, and probably the natural difference being that this is my first Vendée Globe and Thomas’s third. He’s going very clearly for the win and I’m going more for just finishing, which means it isn’t a direct competition of him versus me, if you like.”

Goodchild has talked in the past of the enormous benefit to him of being surrounded by a team of experienced people who have done it all before and he noticed this more clearly than ever after his boat dismasted near the Azores in June, during the New York Vendée-Les Sables D’Olonne race. That mishap could have seriously impacted a less well-organised team, but TR Racing responded smartly, secured a brand new spare mast and got the boat back in the water ahead of schedule.

“Having a team around me who have prepared this boat for a Vendée Globe before is a massive boost,” said Goodchild. “But the second element is the reactivity and professionalism when issues come up. If you look at that dismasting, for example, the problem was resolved quickly and efficiently and didn’t impact us at all because we are surrounded by people who have got the experience to find a solution to make it happen in the quickest and easiest way possible.”

That dismasting was the third in Goodchild’s career, having been on the Ultime Spindrift when she lost her rig at the start of a Jules Verne record attempt and then lost his rig in the Route du Rhum when sailing a Class 40. He says he tries to use those experiences in a positive way.

“You definitely learn stuff from all those experiences. This is a sport where it is an endurance challenge and finishing the race is part of the way to win them. But finishing is a big deal and you can think of some great sailors who struggled to finish the Vendée Globe. So you learn from all these things and the idea is to use them to make you stronger. So definitely, it is an experience, it’s a strength and it’s something you learn to deal with and build on, whether that’s sailing differently, preparing differently or how hard you push in different conditions,” he said.

Finally, there’s the good luck charm. In Goodchild’s case it is becoming quite a well known one thanks to social media. It’s a little blue unicorn that Goodchild’s daughter gave him in 2019 at the beginning of the Transat Jacque Vabre and it will be sailing every mile of his Vendée Globe with him at the chart table of VULNERABLE.

“She’s not feeling particularly nervous about the Vendée Globe,” he offered with a broad smile, “that’s because she’s already done The Ocean Race, so it’s no big deal!”

Ca monte !

Dans les temps impartis par la Direction de course du 10ème Vendée Globe, et en compagnie d’une bonne trentaine d’autres engagés, les deux IMOCAs VULNERABLE de Sam Goodchild et Thomas Ruyant sont venus aujourd’hui jeudi 17 octobre en milieu d’après-midi, s’amarrer aux pontons concurrents de Port Olonna. Débute ainsi un à la fois long et court stand-by pour les navigateurs solitaires, tous plus ou moins prêts, plus ou moins impatients dans l’attente du coup de canon libérateur du dimanche 10 novembre prochain. Sam et Thomas vont, chacun à leur manière, appréhender cette dernière ligne droite. Thomas, riche de l’expérience des deux précédentes éditions, Sam dans la douce euphorie des premières fois. Au programme des deux hommes, un premier séjour Sablais principalement dédié aux sollicitations de l’organisation, et à leurs « teammates » de TR Racing, pour procéder à d’ultimes mises au point, informatiques notamment, suivi d’une belle semaine loin de tout, en famille, coupé de l’effervescence certes bienveillante des foules sentimentales, mais énergivores, avant une dernière semaine vendéenne à la disposition du public, des médias, des amis et des partenaires.

16 ans pour arriver là !
« On sent monter l’énergie ! » Sam Goodchild profite à fond de cette première remontée du chenal des Sables en compagnie de son équipe technique. « 16 ans que je rêve de ce moment » lâche-t’il dans un regard qui raconte la passion, l’engagement mis ces dernières années pour prétendre à disputer le Graal de la course au large en solitaire. « On entre dans la phase active, cruciale du projet. Ces trois prochaines semaines  seront à la fois longues, et très courtes, tant les agendas sont déjà bien remplis, entre échanges millimétrés avec mes équipiers sur les mille et un détails à finaliser ou répéter, la famille, les amis, les partenaires, le public. Je veux en profiter à plein. Cette course est à nulle autre pareille. L’engouement est palpable. Ca y est ! On est dans le concret ! » Du partage, beaucoup, du repos, un peu, Sam Goodchild est prêt, son bateau au maximum de son optimisation. Reste à doser ces derniers jours, entre euphorie, impatience, fébrilité, et la nécessaire sérénité propice à engranger un maximum de repos et d’énergie avant la grande boucle, aventure de toute une vie.

Gérer l’émotion…
Son de cloche légèrement différent chez Thomas Ruyant, qui revit les instants de ces précédents départs en 2016 et 2020. « Pas d’émotion particulière aujourd’hui, car la remontée du chenal qui m’importe est celle que je compte bien effectuer après avoir bouclé le tour. On sent, avec le village et les pontons qui se remplissent, que quelque chose d’énorme se prépare. Le jeu pour moi est de repousser le moment où toute cette pression cumulée deviendra difficilement tenable. Savoir ce qui nous attend procure un sentiment mitigé, de désir et de crainte. Privé de départ pour cause de Covid il y a quatre ans, le public va répondre en masse cette année, et l’émotion du départ s’annonce colossale, difficile à gérer, et énergivore. Mais on ne s’en passerait pour rien au monde ! » Thomas, à l’instar de son camarade d’écurie Sam Goodchild, coupera de manière radicale à l’issue de la semaine en cours, pour partir en famille, et ne revenir que le 4 novembre. Il laisse son VULNERABLE aux bons soins de son boat captain Ronan Deshayes. « J’ai une super équipe qui va continuer de peaufiner le bon travail déjà effectué. Je n’ai jamais été si bien préparé. Les gars vont gérer cette semaine des micro-détails. Je suis serein. Toutes mes affaires personnelles pour le tour du monde sont déjà à bord. Restent les petits dossiers administratifs de Monsieur tout le monde à mettre au propre avant de quitter le monde des terriens pour plus de deux mois. La pression peut venir, la montée d’adrénaline aussi. Je sais la chance que j’ai de vivre ceci. Partir sera un soulagement. D’ici là, je profite… »

Fire and Ice

Off Groix, FRANCE – September 27 2024, Skipper Thomas Ruyant and Sam Goodchild, Imoca VULNERABLE, Training prior for the Vendée Globe, on September 27, 2024 off Groix, France.
© Pierre Bouras

La glace et le feu. Co-équipiers à terre, adversaires sur l’eau. Tel est le « Gentlemen agreement » mis en place au sein de TR Racing par les deux navigateurs de l’écurie de course au large, le Français Thomas Ruyant et le Britannique Sam Goodchild. A l’instar des rivalités mythifiées dans le sport automobile par les duels fratricides et pourtant légendaires entre Alain Prost et Ayrton Senna, Nigel Mansell et Nelson Piquet ou Michael Schumacher et Nico Rosberg, la synergie technique, logistique et humaine établie depuis près de deux années entre les deux voiliers VULNERABLE s’arrêtera avec le coup de canon de départ du Vendée Globe.

A partir de cet instant, chaque skipper jouera sa partition propre, et exprimera sur l’eau ses particularités, forces et faiblesses individuelles. A un mois de ce moment fatidique, on perçoit déjà dans l’approche et la préparation de ce tour du monde sans assistance et sans escale par Sam et Thomas, les différences, les nuances dans la conception de la vie de marin en solitude. Fidèle à son image d’homme tranquille, Sam s’épanouit dans la sobriété, la mesure et la modération, tandis que Thomas, déjà riche de deux expériences autour du monde, cisèle les détails de ce qui sera son environnement de vie 70 et quelques jours durant. Leur équipe procède à organiser et installer à bord tous les équipement et avitaillements nécessaires à la vie en haute mer sous des latitudes drastiquement différentes. Mais charge aux marins seuls de définir les pourtours de leur jardin secret, le petit réduit personnel où selon les vicissitudes de leur longue route, ils chercheront évasion ou réconfort.

Musique ?

Certes, leurs lofts préfigurés par le cockpit et la cellule de vie de leur VULNERABLE offrent un point de vue imprenable sur la mer. Mais encombrés de toute un arsenal d’accastillage et d’informatique, ils n’engagent guère à la flânerie. Thomas et Sam, dans le confort relatif de leurs sièges de veille moulés à leur dimension, leurs matelas de bannette à leur gabarit et leurs poufs d’assoupissement, ont chacun leur routine de vie marine. Quitte à sembler austère, Sam, peu féru de musique, et bien que son VULNERABLE dispose d’enceintes et d’écouteurs, n’écoute pas de musique à bord. Seul le murmure ou le grondement de son bateau l’accapare entièrement. « A terre, je ne suis pas mélomane, et peu enclins à suivre des Séries. Ma femme m’a proposé une liste et il est vrai qu’il sera important, à certains moments, de savoir se déconnecter de la course, et une bonne série ou film pourront me sortir de la réalité exclusive de la course. »

Thomas, fort de ses deux tours du monde, connait ces instants où l’esprit, le cerveau, ont besoin de « débrancher ». « Certaines tensions, de course, d’environnement météo, de compétition, peuvent devenir pesantes, et la musique, voire un film, ou un extrait, permettent de changer un état d’esprit, un point de vue, une pression. Je trouve l’exercice de la lecture difficile, car trop de pensées parasites viennent troubler le fil de l’histoire. Mais selon l’humeur, une certaine musique, reggae, Ben Harper ou la simple variété Française brise la ritournelle des pensées négatives, et remettent le moral en place. »

Communication

Parler, communiquer, voir, admirer, se projeter …sont aussi des passe-temps chéris des deux marins. « Chaque fois que possible, j’aime me connecter à ma famille, ma femme et mes deux filles » admet Sam. « Pas de rendez -vous programmés, mais des coups de fil impromptus, quand j’en ressens le besoin. Une photo, un message apporte tant de réconfort! » Thomas Ruyant a appris à profiter de ces mystères dont la nature a parsemé la route de son tour du monde. « La proximité de ces îles lointaines et mystérieuses, Fernando, Sainte Hélène, Amsterdam, Kerguelen… déclenche en moi un processus imaginaire, d’interrogations géographiques et historiques. Ce sont des moments très riches où l’imagination est stimulée. Converser avec un bateau jeté par le hasard sur notre route est aussi un moment improbable qui rajoute à la magie de ce voyage… »

Candies et M&Ms

Lien concret avec la terre, la nourriture constitue un moment apprécié à la fois de plaisir et de régénération des corps et de l’esprit. Les deux marins VUNERABLE se sont appuyés sur l’équipe de TR Racing, notamment Agathe Simonet et Marion Petit, pour boucler un avitaillement soigneusement, scientifiquement dosé en calories, calculé pour leurs dépenses énergétiques propres, selon l’endroit du globe où ils évolueront, des glaces antarctiques aux chaleurs tropicales. « J’aurai aussi quelques friandises, bonbons et chocolats typiquement anglais » avoue Sam. « Pour moi, bonbons et M&M, mais aussi fromage et charcuterie » précise Thomas le Nordiste. Et l’alcool ? « J’avais l’an passé du whisky à bord lors du passage au Cap Horn » se souvient Sam. « Nous n’y avions pas touché! » Et Thomas de préciser. « Peut-être quelques mignonettes de Champagne, pour Neptune et pour les passages des caps mythiques, Horn notamment. »

Breaking News :

Homologation par le Conseil du World Speed Sailing Records d’un nouveau record du monde : 

Record revendiqué : Monocoque – 24 heures en solitaire
Bateau : « Monocoque IMOCA 60 « For People »

VULNERABLE
Skippé par : Thomas Ruyant
Heure de départ : 14:30:18 UTC 3 décembre 2023
Position de départ : 31.46167 -59.74892
Heure d’arrivée : 14:30:18 UTC 4 décembre 2023
Position d’arrivée : 33.23738 -49.30830
Temps écoulé : 24 heures 00 minutes 00 secondes
Record précédent : 536.81NM ‘Hugo Boss’ 2017

Thomas Ruyant et TR Racing ; Objectif Monde et en équipage !

L’écurie de course au large TRR et son skipper – titre, Thomas Ruyant, au départ de son troisième Vendée Globe le 10 novembre, prendront part à The Ocean Race Europe 2025 à bord du plan Koch / Finot Conq VULNERABLE et à The Ocean Race 2027, Tour du Monde en équipage avec escales. Un nouvel exercice cohérent avec la croissance internationale de son partenaire historique Advens.

« Si le Vendée Globe mobilise toutes nos ressources au sein de TR Racing, nous sommes aussi déjà en réflexion active sur les trois prochaines saisons » déclare Thomas Gavériaux, directeur général de TRR. « A la suite du Tour du Monde en solitaire de Thomas et Sam Goodchild, nous passerons en mode « équipage » avec des participations à The Ocean Race Europe en 2025, The Ocean Race Atlantic, entre New York et Barcelone en 2026 et The Ocean Race en 2027. Nous participerons à The Ocean Race Europe avec le voilier actuel de Thomas et nous travaillons actuellement à la construction d’un nouveau voilier pour 2026. »

The TRR ocean racing team and its skipper, Thomas Ruyant, who will be setting off on his third Vendée Globe on November the 10th, will be taking part in The Ocean Race Europe 2025 aboard the Koch / Finot Conq designed VULNERABLE and in The Ocean Race 2027, a crewed round-the-world race with stopovers. A new exercise for the entire team, in line with the international growth of its long-standing partner Advens.

« While the Vendée Globe is currently mobilising all our resources within TR Racing, we are actively planning the next three seasons, » says Thomas Gavériaux, CEO of TRR. « Following Thomas and Sam Goodchild’s solo circumnavigation of the globe, we will be shifting to fully crewed mode, with participations in The Ocean Race Europe in 2025, The Ocean Race Atlantic, between New York and Barcelona in 2026 and finally The Ocean Race in 2027. We will race The Ocean Race Europe with Thomas’ current boat and are in the process of designing and building a new boat IMOCA for 2026 »

Sam Goodchild : constance et consistance

Le skipper de VULNERABLE Sam Goodchild a de nouveau confirmé lors de la grande course de 48 heures du Défi Azimut-Lorient Agglomération qu’il faudra plus que jamais compter sur lui lors du prochain Vendée Globe (Départ 10 novembre).

Le champion du monde IMOCA 2023 a parfaitement tenu son rang tout au long des 450 milles d’un parcours technique à souhait dans le Golfe de Gascogne, qui a offert aux 19 solitaires toutes les allures dans un large « range » de vent et de conditions de mer. Au près, travers au vent ou aux allures portatives, le plan verdier de 2019 semble s’améliorer avec l’âge, aux avant-postes de l’épreuve dès le coup de canon donné sous Groix jeudi après-midi. Peu d’erreurs à souligner dans la trajectoire toujours efficace du plus Breton des Britanniques, qui aura disputé les accessits aux ténors de la flotte, pour ne s’incliner ce matin que face à un Dalin redoutable au près.

Sam, malheureux en juin dernier durant la course New York -Vendée, ne garde à l’évidence aucune séquelle de son démâtage. Mieux, son appétit de large et de régate au contact en sort multiplié et le binôme marin accompli – voilier au maximum de son optimisation, laisse augurer d’un tonitruant tour du monde. Sa 2me place du jour, en rupture avec son abonnement aux troisièmes places, en fait plus que jamais l’épouvantail sur lequel il faudra compter.

Sam Goodchild : « Je suis très heureux de cette course. Ce fut plus un sprint qu’un Vendée Globe et je me suis senti heureux et à l’aise avec le bateau et avec la façon de naviguer. Au final deux belles journées et une seconde place, pour cerise sur le gâteau. C’est rassurant à deux mois du Vendée Globe. Je suis surpris d’être si proche des nouveaux bateaux. Les conditions m’ont bien aidé et le bateau va vite dans certaines conditions. On a aussi bien géré la stratégie, j’ai su faire de bons choix. On a confirmé tout ce que nous savions. Le bateau est très bon. Il n’est jamais le plus rapide mais jamais le plus lent. C’est toujours intéressant de jouer avec des gens qui vont vite. On naviguera différemment sur le Vendée Globe mais c’est très rassurant ».

De son côté, Thomas Ruyant clôt les 48 heures du Défi Azimut à la 7ème place. « J’ai connu quelques péripéties lors de la première nuit au reaching. J’ai fait ensuite quelques erreurs de trajectoire. Cela ne se joue jamais à grand-chose. Cela fait du bien de faire des nuits en mer. »

Sam Goodchild: On course for the Vendée Globe start and the fulfilment of a life-long dream

With just two months to go to his first appearance in the Vendée Globe solo round-the-world race, Britain’s Sam Goodchild is in a good place with his preparations on his IMOCA, VULNERABLE, and is ahead of schedule.

The 34-year-old 2023 IMOCA Globe Series Champion, who races alongside Frenchman Thomas Ruyant in the Lorient-based TR Racing team, may not have had the perfect return to competition this year, when his boat dismasted during the New York Vendée-Les Sables d’Olonne race in June, but that dark cloud has had a silver lining.

With a new mast stepped and a planned winter re-fit completed two weeks ahead of schedule, because the boat was in the shed earlier than planned, Goodchild is ready to go on the biggest challenge of his career. The former Pro Sailing Tour champion in the Ocean Fifty class, who produced a spectacular run of podiums in his first full season in IMOCA last year, is loving the build-up.

“It’s starting to get busy, for sure,” said the Brittany-based father of two who is married to a French woman. “I mean we kind of knew it was coming so it is not a complete surprise. But it has gone from being a fairly normal pace to now, when something is happening every day until the start (November 10th), so things are getting busier.”

Goodchild’s VULNERABLE, the former LinkedOut raced so successfully by Ruyant, not only has a new mast, it also has new sails for the Vendée Globe and will start the round-the-world marathon as among the highest rated second generation IMOCAs in the 40-strong fleet. Right now, Goodchild and his team are into the fine-tuning stage of pre-race preparations.

“We are pretty happy, pretty comfortable,” summarised the self-effacing Brit. “We are on top of most things we wanted to be on top of. We are into details with the team in terms of final preparation and, for example, what we take and what we don’t, what are our back-up systems, how they work, what we need in terms of spares and things like that – so we are in a pretty happy place.”

Like many of his rivals Goodchild is taking advantage of pre-race weather strategy workshops being run by the renowned French sailing meteorologist Jean-Yves Bernot at the Pôle Finistère Course au Large training centre at La Forêt-Fouesnant. Even though Goodchild has been to the Southern Ocean as recently as last year’s Ocean Race, he knows he can learn a lot from Bernot.

“It’s good to go through the Vendée Globe course with thim,” he said. “Jean-Yves has obviously got a bank of knowledge which is huge. He has done this I don’t know how many times, so it’s interesting to hear his experience, especially for parts of the course where we don’t actually go very often.

“We go back and forth across the Atlantic fairly often, but the Southern Ocean is much rarer and the south Atlantic doesn’t happen that often either, so it is nice to go through the standard weather patterns of those areas and start to get your head in the game a bit in terms of what to expect, what could happen and what it has been like in previous races.”

One thing is clear with Goodchild: This is a very special project for him. Although he has set sail three times previously on non-stop round-the-world voyages, in Jules Verne record attempts – twice in the maxi-tri Spindrift and once in Sodebo, all of which ended prematurely – this is very different.

“I guess it’s special because of the amount of energy and time I’ve put into it,” he explained. “It was amazing to sail on Sodebo and Spindrift, but the reality is I got a phone call and they said ‘do you want to go sailing round the world?’ and I said ‘yes,’ and six months later we set off. Whereas with the Vendée Globe I’ve been much more integrated into the building of the project and how we are doing it, and it’s something I’ve been aiming for and wanting to do for nearly 20 years. So it’s got a bit more weight to it, for sure.”

The next step in the build-up is the annual IMOCA Class showcase in Lorient, the Défi Azimut starting on September 10th. Goodchild is looking forward to entertaining guests from the team’s founding partner, the cyber security leader, Advens, and sharing his plans with them.

“It’s nice to share the project with people and there are very few times of year when all the people involved in the project are in the same place. The Défi Azimut is one of them and it’s the only one where we are not three days away from the start of a transatlantic race or a round-the-world race when things can get a bit stressed, so it’s a good time to enjoy it a bit more as well,” he said.

He will also be looking to put both himself and his boat through their paces during the Défi Azimut 48 Hours solo race. “It will be dictated by the weather, but obviously you don’t want to break anything and especially not crash into anyone – the worst case scenario,” he said. “It will be good to spend 48 hours racing and doing so 100% in Vendée Globe configuration with the sails and foils.”

The British sailor originally from Falmouth in Cornwall who spent much of his childhood living aboard a family cruising yacht in the Caribbean, is thoroughly enjoying being part of TR Racing surrounded, as he says, by a shore and technical team full of people “who’ve already done it before.” And he likes the efficient way the team operates. “Everyone’s got their job, their role and they know what they’re doing,” Goodchild said.

It is now five months since TR Racing became the first in IMOCA sailing – and the sport generally – to name two boats identically, with both Goodchild and Ruyant racing VULNERABLE as part of a mission by Alexandre Fayeulle, chairman of Advens, to tackle the causes of environmental and social crisis in modern society. Goodchild says this ambitious and innovative communications mission is highly effective.

“Communications programmes are made to make people think and provoke discussion and that’s working with this one,” he said. “The overall objective is multifaceted, but that’s part of its strength. You can put your own twist on it and that’s consciously done. I completely trust our communications team who are putting it all together and making it work, led by Alexandre. They have been ambitious before and they have managed to make it work and this is no different.”