Fire and Ice

© Pierre Bouras
La glace et le feu. Co-équipiers à terre, adversaires sur l’eau. Tel est le « Gentlemen agreement » mis en place au sein de TR Racing par les deux navigateurs de l’écurie de course au large, le Français Thomas Ruyant et le Britannique Sam Goodchild. A l’instar des rivalités mythifiées dans le sport automobile par les duels fratricides et pourtant légendaires entre Alain Prost et Ayrton Senna, Nigel Mansell et Nelson Piquet ou Michael Schumacher et Nico Rosberg, la synergie technique, logistique et humaine établie depuis près de deux années entre les deux voiliers VULNERABLE s’arrêtera avec le coup de canon de départ du Vendée Globe.
A partir de cet instant, chaque skipper jouera sa partition propre, et exprimera sur l’eau ses particularités, forces et faiblesses individuelles. A un mois de ce moment fatidique, on perçoit déjà dans l’approche et la préparation de ce tour du monde sans assistance et sans escale par Sam et Thomas, les différences, les nuances dans la conception de la vie de marin en solitude. Fidèle à son image d’homme tranquille, Sam s’épanouit dans la sobriété, la mesure et la modération, tandis que Thomas, déjà riche de deux expériences autour du monde, cisèle les détails de ce qui sera son environnement de vie 70 et quelques jours durant. Leur équipe procède à organiser et installer à bord tous les équipement et avitaillements nécessaires à la vie en haute mer sous des latitudes drastiquement différentes. Mais charge aux marins seuls de définir les pourtours de leur jardin secret, le petit réduit personnel où selon les vicissitudes de leur longue route, ils chercheront évasion ou réconfort.
Musique ?
Certes, leurs lofts préfigurés par le cockpit et la cellule de vie de leur VULNERABLE offrent un point de vue imprenable sur la mer. Mais encombrés de toute un arsenal d’accastillage et d’informatique, ils n’engagent guère à la flânerie. Thomas et Sam, dans le confort relatif de leurs sièges de veille moulés à leur dimension, leurs matelas de bannette à leur gabarit et leurs poufs d’assoupissement, ont chacun leur routine de vie marine. Quitte à sembler austère, Sam, peu féru de musique, et bien que son VULNERABLE dispose d’enceintes et d’écouteurs, n’écoute pas de musique à bord. Seul le murmure ou le grondement de son bateau l’accapare entièrement. « A terre, je ne suis pas mélomane, et peu enclins à suivre des Séries. Ma femme m’a proposé une liste et il est vrai qu’il sera important, à certains moments, de savoir se déconnecter de la course, et une bonne série ou film pourront me sortir de la réalité exclusive de la course. »
Thomas, fort de ses deux tours du monde, connait ces instants où l’esprit, le cerveau, ont besoin de « débrancher ». « Certaines tensions, de course, d’environnement météo, de compétition, peuvent devenir pesantes, et la musique, voire un film, ou un extrait, permettent de changer un état d’esprit, un point de vue, une pression. Je trouve l’exercice de la lecture difficile, car trop de pensées parasites viennent troubler le fil de l’histoire. Mais selon l’humeur, une certaine musique, reggae, Ben Harper ou la simple variété Française brise la ritournelle des pensées négatives, et remettent le moral en place. »
Communication
Parler, communiquer, voir, admirer, se projeter …sont aussi des passe-temps chéris des deux marins. « Chaque fois que possible, j’aime me connecter à ma famille, ma femme et mes deux filles » admet Sam. « Pas de rendez -vous programmés, mais des coups de fil impromptus, quand j’en ressens le besoin. Une photo, un message apporte tant de réconfort! » Thomas Ruyant a appris à profiter de ces mystères dont la nature a parsemé la route de son tour du monde. « La proximité de ces îles lointaines et mystérieuses, Fernando, Sainte Hélène, Amsterdam, Kerguelen… déclenche en moi un processus imaginaire, d’interrogations géographiques et historiques. Ce sont des moments très riches où l’imagination est stimulée. Converser avec un bateau jeté par le hasard sur notre route est aussi un moment improbable qui rajoute à la magie de ce voyage… »
Candies et M&Ms
Lien concret avec la terre, la nourriture constitue un moment apprécié à la fois de plaisir et de régénération des corps et de l’esprit. Les deux marins VUNERABLE se sont appuyés sur l’équipe de TR Racing, notamment Agathe Simonet et Marion Petit, pour boucler un avitaillement soigneusement, scientifiquement dosé en calories, calculé pour leurs dépenses énergétiques propres, selon l’endroit du globe où ils évolueront, des glaces antarctiques aux chaleurs tropicales. « J’aurai aussi quelques friandises, bonbons et chocolats typiquement anglais » avoue Sam. « Pour moi, bonbons et M&M, mais aussi fromage et charcuterie » précise Thomas le Nordiste. Et l’alcool ? « J’avais l’an passé du whisky à bord lors du passage au Cap Horn » se souvient Sam. « Nous n’y avions pas touché! » Et Thomas de préciser. « Peut-être quelques mignonettes de Champagne, pour Neptune et pour les passages des caps mythiques, Horn notamment. »
Breaking News :
Homologation par le Conseil du World Speed Sailing Records d’un nouveau record du monde :
Record revendiqué : Monocoque – 24 heures en solitaire
Bateau : « Monocoque IMOCA 60 « For People »
VULNERABLE
Skippé par : Thomas Ruyant
Heure de départ : 14:30:18 UTC 3 décembre 2023
Position de départ : 31.46167 -59.74892
Heure d’arrivée : 14:30:18 UTC 4 décembre 2023
Position d’arrivée : 33.23738 -49.30830
Temps écoulé : 24 heures 00 minutes 00 secondes
Record précédent : 536.81NM ‘Hugo Boss’ 2017
Le nageur nordiste a bouclé dimanche un extrême altitude ice mile en 37mn54, dans une eau à 3,5° et à 2870m d’altitude dans le magnifique cadre de Portillo au Chili. Il devient le premier français à réaliser ce défi et le quatrième au Monde.
L’écurie de course au large TRR et son skipper – titre, Thomas Ruyant, au départ de son troisième Vendée Globe le 10 novembre, prendront part à The Ocean Race Europe 2025 à bord du plan Koch / Finot Conq VULNERABLE et à The Ocean Race 2027, Tour du Monde en équipage avec escales. Un nouvel exercice cohérent avec la croissance internationale de son partenaire historique Advens.
Le jury de la 17ème édition du prix Atout Soleil s’est réuni hier pour sélectionner les lauréats de l’appel à projets « Génération Zéro Addiction », organisé par Nos Epaules et Vos Ailes, en collaboration avec le groupe Generali et La Médicale. Cette année, Atout Soleil a mis l’accent sur les associations engagées dans la prévention des conduites addictives chez les jeunes. La démarche, portée par le fonds de dotation « Nos Epaules et vos Ailes », apporte un soutien aux jeunes addictes ainsi qu’à leurs familles.
C’est un personnage à part dans le milieu de la course au large. Après l’obtention de son diplôme et un premier poste d’ingénieur en génie civil, le skipper Maxime Sorel fait petit à petit, de sa passion, un métier, une entreprise. L’aventure, la mer, les bateaux, la glisse dans les vagues, les grands espaces le touchent. Maxime, parrain national de l’association Vaincre la Mucoviscidose, se révèle au grand public au cours de son premier Vendée Globe en 2020. Il touche par ses récits de mer et son partage incessant de son aventure, joies et doutes à l’appui. 10e à l’arrivée, il a fait son Max et rend une copie quasi parfaite pour une première. Inarrêtable, c’est un autre défi que prépare déjà Maxime, avec l’ambition affirmée d’être le premier homme au monde à aligner l’Everest des mers et celui de la terre, le toit du monde. Changement de décor, entraînements intensifs, escalades glaciaires, marche forcée en hautes altitudes… Maxime est prêt pour un saut dans l’inconnu. Mai 2023, il gravit donc l’Everest et fait vivre à tous, une aventure extraordinaire de dépassement de soi dans une montagne hostile, mais belle. Le drapeau de l’association Vaincre la Mucoviscidose flotte au sommet du monde et le navigateur – aventurier démontre une nouvelle fois que rien n’est impossible !