L’océan des inconnus

Quand on demande à Laïth Bouziane, 21 ans, comment peut-il résumer son parcours de vie, le jeune homme n’hésite pas une seconde et évoque « un océan des inconnus ». La trajectoire de vie de Laïth est puissante, difficile, belle malgré les obstacles rencontrés. Elle a été jonchée d’épreuves imprévues qui semblent aujourd’hui davantage maîtrisées. Laïth a maintenant un métier, il est standardiste depuis quelques mois et a trouvé sa place dans la société française. Il faisait partie de la première promotion de LinkedOut, le réseau professionnel de ceux qui en n’ont pas, créé par l’association Entourage. Le jeune homme sera l’un des fervents supporters du voilier LinkedOut sur le prochain Vendée Globe qui vise à promouvoir les actions de l’association en matière d’Inclusion. Il est la preuve qu’un réseau est primordial pour s’insérer. Retour sur un tracé sans commune mesure avec l’intéressé…

« Je m’appelle Laïth. Je suis né en Algérie à Khenchela il y a 21 ans. A ma naissance, mes parents m’ont abandonné. Le juge pénal m’a alors confié à mes grands-parents. » Le décor est planté. Laïth est élevé par ses aïeuls. Il n’est pas mauvais à l’école. C’est un enfant paisible jusqu’à ses 13 ans où on lui diagnostique un cancer du système urinaire. Première opération faite, des complications arrivent. Laïth a une sonde pendant un mois et souffre mais se remet peu à peu. Sa maladie le conduit à vouloir tenter le grand saut vers l’Europe. « Il fallait une autorisation paternelle pour pouvoir avoir la possibilité de partir en France ou en Allemagne » indique t’il. « Cette situation était assez ubuesque pour moi car je n’avais pas de lien paternel. Je décide alors de tenter ma chance par la mer de façon illégale. » 

Par la mer !

Direction Malaga en Espagne à bord d’un zodiac poussé par 400 chevaux, passeurs à l’appui. « Nous étions deux bateaux à moteur. Le premier a réussi à atteindre les eaux internationales. J’étais dans le second.  Je me vois encore jeter mes affaires dans l’eau afin d’alléger notre embarcation pour aller plus vite mais hélas nous sommes arrêtés par la garde algérienne. » Laïth est arrêté par les gendarmes et débute une détention de deux semaines. « Mon grand-père est venu me chercher. Il paie alors une certaine somme pour me sortir. Je me suis fait démonter la gueule. Je lui avais dit que j’étais parti en colonie… ». A sa surprise, à son retour à la maison, son grand-père prend en compte le désir de son petit-fils et fait des démarches pour l’envoyer au Canada où la famille a des proches. La demande est refusée. Il réussit à communiquer avec la maman de Laïth afin d’essayer de trouver une solution et un visa pour la France où la mère de Laïth réside. Contre tout attente, un visa français est délivré. Laïth est toujours sous traitement.

Hexagone

La mère de Laïth finit par accepter d’accueillir son fils. Elle a refait sa vie, Laïth est un inconnu de 15 ans et très vite il est mis à la porte. « J’étais déjà content d’être en Europe. Me voilà face à moi-même à Vitry-sur-Seine. Je parlais Arabe et non français. J’ai pris le bus pour Paris, je suis monté dans un tramway, le T3, je me rappelle ensuite avoir admiré la fameuse bibliothèque François Mitterrand. Plusieurs souvenirs me reviennent : j’ai faim. Mes reins me font mal. Il fait froid. Je pisse le sang. Je cherche un hôpital. » Laïth intègre une unité pédiatrique. Un traducteur vient à son aide. La police arrive « comment ça tu es dehors ? Quel âge as-tu ? Où sont tes parents ? » Les policiers se rendent chez ma mère. « Votre fils a fait une fugue, nous vous le ramenons. » Elle dépose plainte contre son fils pour menace de mort. Une enquête est ouverte. « Je me retrouve devant un juge. C’est la panique à bord. On me propose 6 mois de prise en charge via une ordonnance de placement de protection de l’enfance. » 

De foyer en foyer 

Un foyer situé à Nogent-sur-Marne prend en charge l’adolescent. Il apprend le français et fréquente l’école. Sa santé va mieux. « Je croyais, à cette époque, être sorti d’affaire. On me replace dans un nouveau foyer, cette fois à Paris. Je me fais harceler par le directeur de ce dernier. Je finis par lui envoyer une chaise dans son visage. Je décroche scolairement. Je me retrouve à nouveau devant une juge qui me met dehors, j’avais 17 ans et je ne comprenais pas cette décision. » Laïth est sans logement. Il erre dans les rues parisiennes. Il vole à l’étalage. Il s’enfonce. Il construit une cabane dans le parc de la porte de Bagnolet de façon à avoir un « chez lui ». Il est retrouvé dans une situation catastrophique par les autorités. Le parquet décide de ne pas le laisser dehors ! « J’arrive dans un foyer correct. Je rencontre une journaliste. Elle m’aide et je deviens animateur d’une émission sur Moi FM. Je pratique alors les arts martiaux. J’excelle et remporte un championnat de Free Fight au Luxembourg, une joie. J’organise ensuite des galas de boxe. » 

Sans abri, sans famille

Laïth fête ses 18 ans. On lui autorise un contrat jeune majeur. Il se forme à la cuisine. Il n’a toujours pas de titre de séjour. Il entame de nouvelles démarches pour ce sésame. A 19 ans, il se retrouve à nouveau dans la rue. « Je dors dans un squat puis je travaille dans un bar à Bruxelles. Je décide de partir en Allemagne. Je fraude les trains. Les policiers allemands me tombent dessus. Je dis que j’ai 15 ans, je ne veux pas déposer mes empreintes. Je me sauve. J’ai un ami en Scandinavie. Je souhaite rejoindre la Suède. Je fais une escale forcée à Copenhague. Il fait très, très froid. J’hallucine. Je finis par dormir dans un ascenseur. Je réussis le lendemain à reprendre un train pour Malmö. Je joue les touristes. Je fais exprès de lire des journaux danois pour passer inaperçu. Je me fais tout de même à nouveau arrêter. Je n’ai plus le choix que de retourner en France. Je me retrouve à nouveau SDF. » 

L’aventure LinkedOut

A son retour en France, Laïth s’engage pour défendre la cause des mineurs en difficulté qui sortent du cadre de l’aide sociale à l’enfance. Il devient secrétaire général de Repairs 94 et retrouve un toit. A travers Repairs, il rencontre l’association Entourage. « Je n’avais quasi pas de réseau. On m’explique LinkedOut. Je suis emballé. On m’aide à travailler mon CV, j’explique ma situation. Pour une fois, pas la peine de masquer les trous, ce CV me permet d’être vraiment moi-même. Je rencontre des gens, je me sens en confiance, je me fais des amis. Mon profil fait partie de la première promotion Linkedout. Je reçois 15 offres d’emploi. Aujourd’hui, je suis standardiste. J’ai un salaire et ça va. J’ai mes papiers qui me permettent de rester dans l’hexagone. Je vais suivre avec passion l’aventure de Thomas Ruyant et son voilier à nos couleurs sur le Vendée Globe. Ce projet a une grande valeur sentimentale pour moi. Avec Thomas, on va se comprendre. En mer, il est seul face à l’adversité et des défis imprévus. Nos parcours sont différents mais assez proches à la fois. » Bon vent Laïth !

Un record du Monde en joelette pour Lames de joie !

L’association Lames de Joie, basée dans les Hauts-de-France à Berck-sur-Mer (62), prête à tous les enfants amputés de France, depuis quelques années, des lames de course en carbone afin de leur permettre de pratiquer une activité sportive. Elle propose également d’emmener en joelette des enfants handicapés sur de nombreuses compétitions. Sa motivation : rendre accessible le sport à tous les enfants handicapés. Elle organise, les 12 et 13 septembre 2020, un grand défi à savoir établir un record du Monde de distance parcourue en 24 heures par une joelette. Ce support accueillera un enfant handicapé et sera tracté par des coureurs valides et handisports bénévoles. Au-delà de ce record, le but est de mettre en lumière l’association, ses initiatives, collecter des dons, fédérer et attirer de nouveaux enfants touchés qui ne connaissent pas encore Lames de Joie. Entretien avec Jean-Marc Lamblin, président et co-fondateur de Lames de joie, à l’origine de cette folle idée de record !

  1. Quel est le record à battre et ce défi est-il souvent couru dans le Monde ?

Ce record est détenu par des belges avec un peu moins de 100km en 24 heures avec 6 à 8 personnes autour des joelettes pour la traction. Cette discipline est assez populaire dans le monde. Il existe même des championnats du Monde sur une distance de 20km. De notre côté, nous estimons que ce défi est battable et que nous pouvons faire beaucoup mieux et ainsi battre ce record du Monde. Nous avons fait pas mal de tests sur le front de mer de Berck – sur- Mer où se déroulera notre tentative et nous avons décidé de partir avec une joelette et quatre  trio mélangeant valides et deux para-athlètes équipés eux aussi de lame de course (dont normalement Alexis Hanquinquant – Champion du Monde de Para Triathlon) pour la pousser. Notre défi va véritablement être inédit. Nous le voulons solidaire et altruiste… « Nous sommes leurs jambes… ils sont nos cœurs ».

  1.  Qui seront les enfants tractés ?

Il y aura évidemment un enfant issu de lames de joie : Inaya, notre première bénéficiaire amputée des deux jambes, la rencontre qui m’a énormément changé et donné envie de réaliser tout ça, mais aussi des enfants handicapés mentaux et physiques. Nous avons voulu mettre le handicap des enfants en exergue tout au long de notre tentative et de ne pas nous arrêter uniquement sur les bénéficiaires Lames de Joie. Il y aura des enfants autistes, des enfants atteints de maladies rares.

  1. Pouvez-vous nous présenter Lames de Joie, ses actions, ses objectifs ?

Notre objectif en général et à travers cette tentative est de faire connaître notre association. Lames de Joie existe depuis quatre ans et a pour raison de fournir totalement gratuitement des lames en carbone aux enfants amputés pour leur permettre de pratiquer une activité sportive. Nous souhaitons continuer à lever des fonds et encourager le plus de parents, qui ont des enfants amputés, à nous contacter. Nous ne sommes pas encore assez connus de tous. Aujourd’hui, nous avons équipé 52 enfants. Ils bénéficient d’un prêt d’une ou de deux lames que l’on renouvelle au fur et à mesure de leur croissance. 10 jeunes adultes ont quitté notre programme avec des lames définitives. Nous avons également fourni une lame à Pierre-Antoine Baele qui sera, je l’espère, présent aux Jeux Paralympiques de Paris 2024 et sera à nos côtés pour relever ce défi. Lames de Joie est une action gérée à 100% par 5 bénévoles, totalement désintéressés et dont aucun d’entre nous n’a d’enfant bénéficiaire.

La confrontation, vite !

OFF Groix – June 5: French skippers Thomas Ruyant, sailing on the Imoca LinkedOut, training prior to the vendee globe, on June 05, 2020, off Groix, South Brittany, France – Photo Pierre Bouras / TR Racing

C’est un Thomas Ruyant particulièrement regonflé qui a retrouvé en début de semaine dernière sa base de Lorient, après quatre jours de stage intensif à Port la Forêt en compagnie d’un certain nombre d’autres voiliers de la Classe Imoca. Le long et studieux chapitre du chantier hivernal confiné est bel et bien tourné dans la tête du skipper de LinkedOut qui a endossé avec plaisir et appétit son ciré de marin-compétiteur. A quelques micro-détails prêts, son plan Verdier est au maximum de sa préparation. Thomas dispose de la machine de ses rêves et il lui tarde de faire désormais corps avec elle, seul dans l’arène océanique, face à une concurrence plus redoutable que jamais, et qu’il piaffe de défier. La Vendée-Arctique-Les Sables lui en offrira samedi 4 juillet prochain l’occasion idéale, sur un parcours totalement inusité, agité à souhait. Thomas y cherchera l’harmonie, l’osmose avec son LinkedOut. Il provoquera surtout l’affrontement, la confrontation, le duel. L’heure est au combat, à l’exercice de sa passion pour la régate, la vitesse, l’astuce, l’intelligence marine et le défi physique… en bref, le sel de son métier de coureur au large.

Froide détermination !

« C’est à moi de jouer ! » La froide et débordante détermination de Thomas Ruyant à l’entame, enfin, de la saison de courses qui culminera en novembre prochain par le Vendée Globe, traduit la mutation radicale de son état d’esprit. « Les équipes de TR Racing, sous la houlette de Marcus Hutchinson et Laurent Bourguès notamment, ont fait un travail remarquable dans les conditions de confinement que l’on connait » raconte le pilote de LinkedOut. « Le bateau est fin prêt. Il répond à toutes nos envies, à toutes nos aspirations. A moi désormais de valoriser sur l’eau leur travail. J’attends cette prochaine course en solitaire avec impatience. Le stage de Port la Forêt m’a conforté dans la justesse et la pertinence de nos modifications de l’hiver. J’ai très vite retrouvé mes marques lors des navigations en faux solitaire, les hommes du bord me laissant au maximum gérer seul les manoeuvres. Je me suis volontairement « mis dans le rouge », en multipliant des segments de manoeuvres courtes et denses. LinkedOut est vivant et intense. Il va exiger le meilleur de moi-même. »

Répétition générale avant Vendée Globe

Nouvelle course, nouveau parcours, nouveaux horizons. La Vendée-Arctique-Les Sables est au final mieux qu’un palliatif aux Transats annulés du printemps. « Elle va nous offrir un résumé de ce que l’on rencontrera sur le Vendée Globe » décrit Thomas. « On devrait affronter tous les types de vent, toutes les allures, tous les états de mer, avec le froid polaire en sus. Le détroit du Danemark, entre Islande et Groenland, conjugue à lui seul de nombreuses difficultés de navigation, avec l’influence des hautes pressions qui sommeillent sur le Groenland et qui font circuler sur l’Atlantique Nord un air froid et vif, qui accélère avec les reliefs. Un courant froid descend du Groenland et vient confronter un courant chaud dans l’ouest de l’Islande. La mer s’y creuse. Ce sera une belle préparation au tour du monde. » Si le segment Açorien de la course est plus familier aux coureurs de la Classe Imoca, c’est travers au cheminement des dépressions venues de Terre Neuve qu’il leur faudra rejoindre la marque de passage placée par l’organisation. « On n’avancera pas avec les systèmes comme lors d’une course transatlantique d’Est en Ouest et à contrario. » poursuit Thomas. « On va les couper au lieu de les chevaucher. Cette partie va requérir une concentration de tous les instants pour être en phase avec les nombreuses variations du vent. Ambiance Figaro en quelque sorte ! »

Comme pour l’ensemble des 22 coureurs solitaires engagés dans la Vendée Arctique, Thomas va se prêter complaisamment aux restrictions et mesures sanitaires mises en place par l’organisation, test Covid, confinement, distanciation, hygiène maximum. Il se rendra la veille du départ, vendredi 3 juillet sur la zone « historique » de départ du Vendée Globe devant les Sables d’Olonne et débarquera ses équipiers justes avant le coup de canon. D’ici là, place à la récupération avec peut-être une dernière petite sortie de réglage devant Lorient…

Atout Soleil, un mécénat territorialisé face à la crise sanitaire

L’opération de mécénat Atout Soleil de l’association GPMA (Groupement Prévoyance Maladie Accident) et de l’assureur Generali, lancée en 2007, qui soutient des associations aux projets innovants en faveur d’un public fragilisé se réinvente. Naturellement, au regard du contexte sanitaire actuel, Atout Soleil a décidé de valoriser et de soutenir des associations locales qui accompagnent les personnes fragiles face au COVID-19 sur les territoires de Lyon, Amiens et Nantes. Les mardis solidaires d’Atout Soleil sont lancés. 5 associations par ville, en cours d’identification grâce à l’appui et la force du maillage territorial des réseaux commerciaux de Generali, le partenaire assureur historique de GPMA, seront récompensées et recevront un prix de 5 000 euros début décembre 2020 un mardi !

D’autre part, GPMA envoie actuellement des kits sanitaires aux personnes vulnérables, les personnes âgées, malades ou fragiles en prenant appui sur les réseaux commerciaux Generali. Ces envois sont également prévus pour les lauréats d’Atout Soleil de 2017, 2018 et 2019 ainsi que pour les partenaires associatifs récurrents de GPMA (la CAMI sport et cancer, les Blouses Roses, l’Envol…).

Entretien avec Jean-Marc Darras, Secrétaire GPMA et à l’origine d’Atout Soleil…

  1. Atout Soleil se réinvente, pourquoi ?
Cela fait 42 ans que je suis dans le monde professionnel et jamais je n’avais vécu un choc aussi violent que cette crise sanitaire. Il était donc évident pour GPMA de réinventer Atout Soleil et de s’adapter au contexte qui va engendrer une profonde crise économique. Il nous a paru important d’ajouter encore plus de proximité à Atout Soleil en créant les mardis solidaires, des événements locaux proches du réseau de notre partenaire Generali. Notre soutien, ces dernières semaines, à Trip Bike Café, la distribution gratuite de petits déjeuners aux soignants, nous a convaincus de mettre en avant des entités œuvrant pour les personnes fragiles face au Covid-19.
  1. Comment allez-vous aider les associations et comment identifiez-vous leurs initiatives dans la lutte contre le coronavirus ?
Les financements publics pour les associations ne sont pas extensibles. Cela fait partie du rôle de GPMA d’aider ces associations. Dans le contexte actuel qui fragilise encore plus ces associations, il nous a paru essentiel d’être encore plus présents localement. Nous allons distribuer 75 000 euros à 15 associations situées à Amiens, Nantes et Lyon. 5 000 euros par association, ce n’est pas neutre et cela peut beaucoup les aider. L’idée est de mettre en avant des projets peu médiatisés afin de les valoriser et de les soutenir sur le terrain. Les mardis solidaires vont également renforcer les liens entre associations, l’une des marques de fabrique d’Atout Soleil.
  1. Quel est l’accueil de votre opération de distribution de kits sanitaires ?
L’opération débute juste. Nous sommes partis pour distribuer 23 000 kits, des sacoches avec quatre masques et du gel. Nous avons déjà annoncé la distribution de ces kits aux lauréats Atout Soleil 2017, 2018 et 2019 et les retours sont très positifs. Les associations nous disent que c’est concret, pratique, utile et nécessaire. Le réseau salarié de Generali va dès maintenant distribuer, en local, ces kits à des personnes vulnérables qui les entourent et je pense vraiment que cette approche pragmatique fera des heureux. C’est le sens de notre démarche.
  1.  Quel est le bilan général d’Atout Soleil depuis 13 ans ?
En 13 ans, nous avons versé 1,9 millions d’euros de dotation aux associations. 178 ont été récompensées. Je retiens comme bilan la force du collectif générée par Atout Soleil, l’énergie des personnes qui animent les associations, la variété des initiatives. Beaucoup d’associations lauréates existent encore aujourd’hui et je crois pouvoir dire que nous avons été un bon « booster » et que nous avons permis à certaines de s’inscrire dans la durée. Atout Soleil a réussi à évoluer avec son temps sur des thématiques différentes selon les périodes. Je retiens enfin l’implication forte de nos réseaux qui nous a permis d’identifier les associations et de les soutenir. Sans ces réseaux, sans des parrains qui font corps avec les associations quotidiennement, Atout Soleil n’existerait pas.
  1. La forme initiale d’Atout Soleil à savoir aider des associations qui opèrent pour des publics fragilisés comme l’aide à la parentalité en 2019, sera-t-elle reconduite en 2021 ?
C’est un peu trop tôt pour le dire. Le covid-19 a bouleversé beaucoup de concepts. Nous tirerons le bilan des Mardis Solidaires et nous prendrons une décision. Atout Soleil est ancré dans nos réseaux. Cela sera à notre Conseil d’Administration et à mon successeur de prendre cette décision.
  1. Vous partez à la retraite, Thierry Gaudeaux vous remplacera très prochainement. Quel est votre meilleur souvenir « solidaire GPMA » ?
C’est un souvenir pluriel. A l’issue de chaque soirée Atout Soleil qui récompense les lauréats, je ressors avec de l’énergie pour l’année. Le dynamisme de chaque association procure en moi beaucoup d’émotions. Elles sont des exemples de motivation, d’abnégation, d’implication. Je continuerai pendant ma retraite à m’engager.

Il a dit :
Thierry Gaudeaux : « Je suis fier de prendre la succession de Jean-Marc Darras qui a insufflé dans toutes les actions menées par l’association GPMA un vif élan solidaire. Atout Soleil est une opération de mécénat originale, à l’image de GPMA et de son partenaire Generali. Les mardis solidaires d’Atout Soleil apportent une réponse locale et pragmatique aux besoins sanitaires et sociaux spécifiques liés au coronavirus. Je souhaite m’inscrire dans l’état d’esprit pionnier d’Atout Soleil et continuer à soutenir concrètement les associations qui accompagnent les personnes fragilisées. »

Justine Mettraux : des tours du monde plein la tête

METTRAUX Justine

Multiplier les expériences, que ce soit en équipage ou en solo, au large ou sur des formats de course plus côtiers, sur un support ou bien un autre, est assurément l’un des plus sûrs moyens de progresser. Cela, Justine Mettraux l’a bien compris, et depuis longtemps. La Suissesse, qui sillonne les plans d’eau et n’a de cesse d’étoffer discrètement mais sûrement son palmarès depuis plusieurs années, trace sa route avec détermination. Enjeux, objectifs, risques, moyens, compétences à mettre en œuvre, responsabilités : la navigatrice a conscience de chacun des aspects d’un projet performant. Elle ne manque pas d’ambitions, et encore moins une opportunité lorsqu’elle se présente pour avancer et élever son niveau de jeu. Dans son collimateur : des courses prestigieuses telles que le Vendée Globe ou The Ocean Race, rien de moins. 

La voile, une histoire de famille chez les Mettraux ? Vrai, et on l’a souvent répété. « Mes parents avaient un voilier qui s’est agrandi au fur et à mesure des naissances de mes frères et sœurs. Nous faisions de la voile en famille sur le Léman et des croisières sur le lac ou à l’étranger pendant les vacances », relate Justine, deuxième d’une fratrie de cinq. « C’est une activité et une passion que l’on partage, et cela génère un vrai soutien entre nous. Malgré tout, chacun suit son propre chemin », ajoute la Suissesse pour qui la participation à un camp de voile en mer dans le sud de la France mis en place par l’association Jeunesse 2000 à l’âge de 16 ans a profondément bousculé les choses. Depuis, Tour de France à la Voile (en 2008 puis en 2010), Bol d’Or (remporté en 2010 à bord du D35 Lady Cat au côté de Dona Bertarelli), Mini Transat (bouclée en 2e position en 2013 chez les bateaux de Série), Volvo Ocean Race (en 2014-2015 avec Team SCA puis en 2017-2018 avec Dongfeng Race Team), Transat Jacques Vabre (terminée au pied du podium en Class40 en 2017 avec Bertrand Delesne) ou encore Solitaire du Figaro (marquée par une remarquable 7e place en 2017) font partie de ces événements incontournables de la planète voile auxquels elle a pris part, et lors desquels elle a démontré à la fois son sens marin et son sens de la régate.

Rien de mieux que l’intensité d’un tour du monde

« J’ai toujours saisi les différentes occasions qui s’offraient à moi car je pense qu’il est important de ne pas se cantonner à une seule chose, et qu’il est enrichissant de varier les mondes », souligne Justine qui apprécie tout autant le solitaire que l’équipage. « J’ai la chance de pouvoir jouer sur les deux tableaux. L’un permet d’être très complet tandis que l’autre offre la possibilité de progresser très rapidement et de passer énormément de temps sur l’eau », assure la jeune femme de 33 ans qui rêve à la fois de Vendée Globe après quatre saisons réalisées au plus haut-niveau sur le circuit des Figaro Bénéteau, mais aussi de The Ocean Race. « Mes deux premières expériences sur la Volvo Ocean Race ont été exceptionnelles. Courir autour du monde avec escales, c’est une aventure intense, mais surtout unique. Maintenant que j’ai mis un pied dedans et vu ce que c’était, je n’ai qu’une envie : y retourner ! », commente Justine qui affiche la volonté de s’aligner au départ de la prochaine édition programmée en 2021-2022, mixant monotypes VO65 et IMOCA 60 à foils. « J’ai, jusqu’alors, très peu navigué en IMOCA. Naviguer sur ce type de bateau, foiler qui plus est, m’intéresse naturellement », avoue la skipper qui espère participer à la prochaine édition sans pour autant d’ici là déserter les plans d’eau, loin s’en faut.

La mixité, encore un sujet ?

Pour preuve, depuis plusieurs semaines déjà, elle s’entraîne en Class40 avec aux côtés de ses compatriotes Valentin Gautier et Simon Koster, à bord de Banque du Léman. Leur objectif : faire tomber le prestigieux record du Tour des îles Britanniques (1 800 milles) en 40 pieds détenu, depuis 2018, par Phil Sharp en 8 jours, 4 heures, 15 minutes et 49 secondes. « Nous nous préparons au mieux pour ce challenge, en multipliant notamment les entraînements sur des parcours assez longs, avec plusieurs nuits en mer », avance Justine particulièrement motivée par ce projet 100 % suisse dont la période de stand-by débutera mi-juillet. « Pour moi, le but reste toujours le même : passer un maximum de temps sur l’eau. Avec Valentin et Simon, nous allons avoir les moyens de faire les choses bien. Ils sont sérieux dans leur préparation et leurs objectifs et de mon côté, je sais qu’on a perpétuellement des choses à apprendre des gens et des situations », termine Justine Mettraux.

La Fondation Belem annule les navigations du Belem en 2020

En raison de la crise sanitaire, la Fondation Belem a décidé d’annuler sa saison 2020. Le Belem restera donc à quai et reprendra la mer en 2021. Les navigations 2020 proposées aux nombreux passionnés sont reportées en 2021. Le Belem sera à nouveau ouvert aux visiteurs en Méditerranée en octobre 2020.

  1. Pourquoi avoir pris une telle décision ?

Le Belem est un navire-école civil dont le projet est construit sur le « vivre ensemble », la rencontre, la solidarité à bord. Nous embarquons sur une même navigation jusqu’à 48 navigants en même temps qui participent collectivement aux manœuvres. Il faut du monde à bord pour manœuvrer en équipage : cela est contraire aux mesures barrières.. Une étude sur les conditions de mise en place d’un protocole sanitaire a montré que l’organisation des séjours et la configuration du Belem, à savoir des bannettes très rapprochées, des sanitaires exigus, la partage d’une vie communautaire sur plusieurs jours, une salle à manger commune organisée autour d’une grande table unique et centrale ne permettent pas de respecter les mesures de distanciation sociale imposées par la gouvernement… Notre conseil d’administration qui tient à protéger les hommes et participer à la lutte contre la pandémie, n’a pas eu d’autre choix que de décider, à regrets, de tout annuler. Nous proposons aux navigants de l’année de reporter leur embarquement en 2021 : ils seront prioritaires et découvrirons le programme 2021 en avant-première. Ceux qui ne pourront pas embarquer en 2021 seront remboursés. Nous ne pouvions prendre le risque d’une contamination au Covid-19 à bord du Belem. Cela exigerait une mise en quarantaine du  voilier en mer.

  1. Quelles sont les conséquences de cette annulation sur la Fondation Belem ?

Elles sont importantes sur le plan économique et social car la Fondation Belem ne générera pas de chiffres d’affaire en 2020 et peu de marins embarqueront. Nous vivons grâce aux navigations, aux visites, aux affrètements privés du Belem. Dans ce contexte particulier, nous bénéficions du soutien sans faille des Caisses d’Epargne, notre mécène historique. Je tiens à les remercier vivement. Hormis nos marins titulaires, chefs-mécaniciens et maîtres d’équipage qui se relaient à bord, les autres membres d’équipage n’embarqueront malheureusement pas à bord du Belem en 2020. Les saisonniers pourront embarquer sur d’autres navires marchands.

  1. Quelles sont vos perspectives ?

Nous allons repartir de plus belle en 2021. Nous restons optimistes. Nous sommes déjà en train de réfléchir à un beau programme de navigation pour l’année prochaine. Le Belem sera rutilant car il a bénéficié d’un entretien sans précédent au port ces dernières semaines. Nous avons également proposé à nos passionnés de naviguer avec les mots en lançant un grand concours de nouvelles, présidé par Yann Queffélec. Nous imaginons enfin rouvrir le musée à l’automne en Méditerranée dans le port qui accueillera le trois-mâts pour hiverner.